Vous savez le chemin

Et du lieu où je vais, vous savez le chemin. Thomas lui dit : Seigneur, nous ne savons pas où tu vas. Comment saurions-nous le chemin ? Jésus lui dit : Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie. Nul ne vient au Père que par moi. (Jean 14, 4-6)
La première alliance avait des institutions cultuelles où l’on offrait d’année en année les mêmes dons et sacrifices, bien qu’ils étaient absolument impuissants à enlever les péchés et rendre parfait ceux qui s’approchent de Dieu. Cela durait jusqu’au temps de la réforme annoncée. (Hébreux 9,10) Elle fut initiée par Jésus Christ qui inaugura une voie nouvelle et vivante à travers le voile (une métaphore de la nature humaine - la chair) qui mène au sanctuaire. Les premiers disciples de Christ témoignaient avec tant d'enthousiasme de cette voie vivante que le peuple les appelait moqueur : « la voie ». Comme le clergé de l’époque n’apprécia pas cette atteinte à leurs us et coutumes, il persécuta les disciples comme ils le firent avec leur Seigneur. Parmi ces persécuteurs il y avait un certain Saul qui :
Ne respirant toujours que menace et carnage à l’égard des disciples du Seigneur, alla trouver le grand prêtre et lui demanda des lettres pour les synagogues de Damas, afin que, s’il y trouvait quelques adeptes de la Voie, hommes ou femmes, il les amenât enchaînés à Jérusalem. (Actes 9, 1-2)
Ce Saul traquait les adeptes de la voie jusqu'au jour où une lumière céleste lui révéla Jésus, qu’il se converti radicalement et s’engagea de tout son être sur cette voie en se portant en avant en vue du prix que Dieu tient en réserve dans le Christ Jésus. (Philippiens 3, 14) Devenu Paul, il annonçait avec assurance le Christ ressuscité : le chemin, la vérité et la vie.
Paul se rendit à la synagogue et, pendant trois mois, y parla avec assurance. Il entretenait ses auditeurs du Royaume de Dieu et cherchait à les persuader. Certains cependant, endurcis et incrédules, décriaient la Voie devant l'assistance. Il rompit alors avec eux et prit à part les disciples. Chaque jour, il les entretenait dans l'école de Tyrannos. (Actes 19, 8-9)
Des endurcis et incrédules suscitent partout des troubles, en particulier parmi les disciples. En fait, toutes les condamnations, moqueries, médisances, calomnies et vantardises sont actées par le diable. Ainsi, lorsque le pharisien Nicodème interrogea Jésus et reçut la réponse : A moins de naître de nouveau, nul ne peut voir le Royaume de Dieu, il rétorque aussitôt moqueur : Comment un homme peut-il naître, étant vieux? Peut-il une seconde fois entrer dans le sein de sa mère et naître ? (Jean 3, 3-4) Oui ça se peut, dit Jésus : si l’homme naît de nouveau d'eau et d'Esprit. C’est dans le baptême en la mort de Christ, où le croyant est enseveli, qu’il ressuscite à une nouvelle vie. Le baptême en la mort de Christ est la porte à franchir pour avoir la vie :
Entrez par la porte étroite. Large, en effet, et spacieux est le chemin qui mène à la perdition, et il en est beaucoup qui s’y engagent ; mais étroite est la porte et resserré le chemin qui mène à la vie, et il en est peu qui le trouvent. (Matthieu 7, 13-14)
Qui passe par la porte étroite et s’engage sur cette voie resserrée expérimente aussi son « jour de Pentecôte » où la puissance promise par Jésus : l’Esprit Saint, répand l'amour divin dans le cœur. (Romains 5, 5) Toutefois, comme les enfants nouveaux-nés, il n’a qu’une connaissance limitée de ce que signifie parcourir la voie pour atteindre le but de la vocation céleste. Beaucoup rêvent de gloire céleste, comme les disciples Jacques et Jean qui exprimèrent le désir de s'asseoir à la droite et à la gauche de Jésus dans sa gloire. Comme personne ne reçoit cet honneur par favoritisme, Jésus leur répondit :
Vous ne savez pas ce que vous demandez. Pouvez-vous boire la coupe que je vais boire, et être  baptisé du baptême dont je vais être baptisé ? (Marc 10, 38)
Les deux croyaient en tout cas être capables de suivre le chemin des souffrances et des humiliations ; ils étaient disposés à apprendre de Jésus la douceur et l'humilité. Voilà des vertus qui de nos jours font défaut à de nombreux prédicateurs qui, fier et hautains, n’ont jamais appris à maîtriser leur langue et à refréner leur corps. (Jacques 3, 2)
Souffrances et gloire vont de pair. Annoncer l’Évangile en faisant miroiter aux auditeurs des prodiges, des miracles, des signes et un salut et une félicité sans croix, sans abnégation, sans souffrances, sans tribulations n’est qu’une tromperie. La Parole de Dieu dit clairement :
Il nous faut passer par bien des tribulations pour entrer dans le Royaume de Dieu. (Actes 14:22)
Ce Royaume de Dieu (qui est justice, paix et joie dans le Saint-Esprit) n’est pas plus grand au début qu’un grain de sénevé. (Luc 13, 19) Cela montre à quel point les opportunités de croissance sont immenses pour ceux qui, comme Paul, peuvent témoigner :
Oubliant le chemin parcouru, je vais droit de l’avant, tendu de tout mon être, et je cours vers le but en vue du prix que Dieu nous appelle à recevoir là haut, dans le Christ Jésus. (Philippiens 3, 13-14)
Pour atteindre le but, nous devons dans ce monde tout considérer comme déchets et apprendre à suivre les traces que Christ a laissées sur le chemin du renoncement et de la souffrance. Et si nous souffrons avec lui, nous serons aussi glorifiés avec lui ; nous deviendrons héritiers de Dieu et cohéritiers du Christ. (Romains 8, 17)
Or, c’est à cela que vous avez été appelés, car le Christ aussi a souffert pour vous, vous laissant un modèle afin que vous suiviez ses traces, lui qui n’a pas commis de faute - et il ne s’est pas trouvé de fourberie dans sa bouche, lui qui, insulté, ne rendait pas l’insulte, souffrant ne menaçait pas, mais s’en remettait à celui qui juge avec justice. (1 Pierre 2, 21-23)
Christ partagea notre humanité, afin qu’en passant lui-même par la mort, il ravisse le pouvoir à celui qui a la puissance de la mort, c’est-à-dire le diable. (Hébreux 2, 14) Aussi peut-il délivrer ceux que la peur de la mort tient leur vie durant dans l’esclavage. Toutefois, cette délivrance ne se fait pas sans notre consentement et notre participation, à commencer par :
Rejetez donc toute malice et toute fourberie, hypocrisies, jalousies et toute sorte de médisances. Comme des enfants nouveau-nés désirez le lait non frelaté de la parole, afin que, par lui, vous croissiez pour le salut, si du moins vous avez goûté combien le Seigneur est excellent. (1 Pierre 2, 1-3)
Sans être nourrit au lait non frelaté de la parole, les enfants nouveaux-nés en Christ ne peuvent se développer sainement, devenir des hommes jeunes puis des hommes faits pour l'œuvre du ministère. Un développement dans les règles se constate aisément au parfum de vie que répandent les serviteurs qui sont humbles, petits à leurs yeux, sincères et fidèles en tout.
Malheureusement beaucoup se contentent d’écouter des ministres qui chatouillent les oreilles et les entraînent à jouer, chanter, danser et s'amuser… comme dans le parvis du temple de l'ancienne alliance. A contre-courant, des serviteurs de Dieu irréprochables, hospitaliers, bons, prudents, justes, sobres et humbles qui ont pris à cœur cette exhortation :
Paissez le troupeau de Dieu qui vous est confié, veillant sur lui, non par contrainte, mais de bon gré, selon Dieu ; non pour un gain sordide, mais avec l'élan du cœur ; non pas en faisant les seigneurs à l'égard de ceux qui vous sont échus en partage, mais en devenant les modèles du troupeau. (1 Pierre 5, 2-3)

K. Woerlen (publié le 15 mars 2021)