Supportez-vous les uns les autres

Supportez-vous les uns les autres avec charité ; appliquez-vous à conserver l’unité de l’Esprit par ce lien qu’est la paix. (Éphésiens 4, 3)
Le vivre ensemble demande que l’on supporte les comportements d’autrui, tolère et digère leurs défauts, leurs travers, leurs manies, et, que l’on soit prêt à aider, à soutenir, à porter, à souffrir. Mais comme nul ne peut, sans amour, supporter les frictions, irritations, impatiences innées à la nature humaine, les œuvres humaines ne survivent pas. L’exhortation de se supporter les uns les autres avec charité concerne toutes les assemblées particulières.
Les saints et fidèles ont aussi besoin d’être exhortés, parce que les faiblesses de leur corps (qui ne sont pas des péchés) peuvent détériorer l’harmonie entre frères et sœurs. Ils doivent apprendre à supporter patiemment les faiblesses des autres pour que la joie et la paix ne se perdent pas, comme souvent, pour de « petites choses ». Rester impassible devrait être la normalité pour les vrais disciples de Christ, et, leurs relations mutuelles l’expression de l’être et de la foi de chacun.
Ce qui offense se produit plus facilement que ce qui édifie. Les impairs et autres faux pas commis par ignorance et/ou par un manque d’exercice à les éliminer, prouvent que l’on n’a pas fini de travailler à son salut en faisant mourir ces « actions du corps ». (Romains 8, 13) De nombreux exercices sont nécessaires pour venir à bout de ces actions qui, par paroles, faits et gestes, peuvent faire chuter autrui et nuire à l’harmonie de la communauté.
Sans tomber dans une crainte servile du péril qui nous guette sur ce chemin de la vie, ne sous-estimons pas la capacité du diable d’y dresser des obstacles pour nous faire chuter ; gardons la foi que Dieu nous soutient et nous préservera de tomber (comme il a soutenu Jésus Christ pour vaincre le diable).
A celui qui peut vous garder de la chute et vous présenter devant sa gloire, sans reproche, dans l'allégresse, à l'unique Dieu, notre Sauveur par Jésus Christ notre Seigneur, gloire, majesté, force et puissance avant tout temps, maintenant et dans tous les temps ! Amen. (Jude 24-25)
Se supporter (être indulgent) les uns les autres avec charité ne signifie nullement que personne ne doit « rien voir », « rien entendre » ni « rien dire », mais 1) de n’exhorter d’autres que si l’on supporte ses comportements patiemment et sans critiques ; 2) que l’on se laisse exhorter par ceux qui sont plus expérimentés que soi-même. Ce qui n’est pas fait avec bonté et amour produit de la souffrance et empêche que la joie et la paix se communiquent à l’entourage.
L'amour est patient, plein de bonté; il n'est pas envieux ; ne se vante point, ne s'enfle pas d'orgueil ; ne fait rien d'inconvenant, ne cherche pas son intérêt, ne s'irrite pas ; ne soupçonne point le mal, ne se réjouit pas de l'injustice, se réjouit de la vérité ; excuse tout, croit tout, espère tout, endure tout, supporte tout. (1 Corinthiens 13, 4-7)
Qui ne supporte pas les faiblesses et le mal des autres, est lui-même faible et mauvais. « Une œuvre bien commencée, est une œuvre moitié achevée », dit un adage. Mais pour que l’œuvre que Dieu a commencé « avec » nous puisse se poursuivre « en » nous, il faut que nous suivions cette invitation apostolique :
Si, faisant le bien, vous supportez la souffrance, c'est une grâce auprès de Dieu. Or, c'est à cela que vous avez été appelés, car le Christ aussi a souffert pour vous, vous laissant un modèle afin que vous suiviez ses traces, lui qui n'a pas commis de faute - et il ne s'est pas trouvé de fourberie dans sa bouche… (1 Pierre 2, 20-22)
En suivant les traces que Jésus Christ nous a laissées, nous découvrons « les actions du corps » à éliminer et apprenons à être compréhensifs les uns envers les autres, à s’entre aider et à pardonner aussi largement que Dieu nous a pardonné.

Conserver l’unité de l’Esprit

Les divisions sont la tare d’une chrétienté qui s’efforce à susciter l'unité des croyants par des succédanés : l’œcuménisme et des alliances entre « églises sœurs ». Il est évident que ces unités de façade sont vaines. Et pourquoi ? Parce que l'unité de l’Esprit n’est pas possible au milieu de disputes, de divisions et des partis religieux qui sont des « œuvres de la chair » qu’il faut déposer et non apprivoiser.
L’unité de l’Esprit se forme et se conserve là où l’on fait la volonté de Dieu (en faisant la volonté d'un autre on devient « un » avec lui). Jésus était « un » avec son Père dans une unité parfaite, harmonieuse, sans dissonance. La multitude de dénominations montre que l’on ne croit plus que l’unité de l’Esprit soit (encore) possible ; bien que Jésus affirme que tout est possible à Dieu et à celui qui croit. Mais qui croit encore cette divine promesse ? Les querelles et disputes doctrinales reflètent tout sauf l’unité de l’Esprit où prévalent la justice, la paix et la joie. Malgré l’incrédulité aveugle d’une multitude de prédicateurs, vivre dans l’unité de l’Esprit est la raison d’être des membres du corps de Christ. Il n’y a guère de meilleure explication pour l’unité de l’Esprit que celle que Jésus mentionne dans cette prière :
Je ne prie pas pour eux [les disciples] seulement, mais aussi pour ceux qui, grâce à leur parole, croiront en moi, afin que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi et moi en toi, qu’eux aussi soient un en nous, afin que le monde croie que tu m’as envoyé. Je leur ai donné la gloire que tu m’a donnée, pour qu’ils soient un comme nous sommes un ; moi en eux et toi en moi, afin qu’ils soient parfaits dans l’unité. (Jean 17, 20-23)
Les œuvres de la chair (les péchés) empêchent et la communion spirituelle, et la communion tangible que le monde observe. Comment peut-il croire en Jésus Christ en voyant la désunion des croyants qui sont jaloux les uns des autres, ont des rivalités, des fractions et un esprit partisan ? Et les croyants : qui peut et veut encore croire à la véracité de ce témoignage ? :
Les Églises jouissaient de la paix dans toute la Judée, la Galilée et la Samarie ; elles s'édifiaient et vivaient dans la crainte du Seigneur, et elles étaient comblées de la consolation du Saint Esprit. (Actes 9, 31)
C’est en obéissant en tout point à l’invitation de Jésus à le suivre que l’on est ajouté à cette unité de l’Esprit où l’on vit en paix et en communion les uns avec les autres. Certes, cela suppose le renoncement aux propres opinions et le respect de ses propres limites. Naturellement il y a un commencement à tout :
Le Royaume des cieux est semblable à du levain qu’une femme a pris et enfoui dans trois mesures de farine, jusqu’à ce que le tout ait levé. (Matthieu 13, 33)
Il faut du temps pour que le levain (l’Esprit Saint) imprègne tout notre être : l’esprit, l’âme et le corps. Ce temps de formation s’appelle : l’apprentissage individuel ; apprendre à travailler à son salut avec crainte et tremblement. (Philippiens 2, 12) Voilà ce que l’église de Corinthe avec ses désordres et divisions devait encore apprendre :
Je vous prie frères, par le nom de notre Seigneur Jésus Christ, ayez tous même langage qu’il n’y ait point parmi vous des divisions ; soyez étroitement unis dans le même esprit et dans la même pensée. (1 Corinthiens 1, 10)
Les Corinthiens devaient apprendre à se défaire de tous les péchés conscients (des œuvres de la chair) pour trouver enfin l’harmonieuse communion de vie, et conserver l’unité de l’Esprit par le lien de la paix en marchant au milieu d’un monde mauvais dans la lumière du Christ.
Si nous marchons dans la lumière comme il est lui-même dans la lumière, nous sommes en communion les uns avec les autres, et le sang de Jésus, son Fils, nous purifie de tout péché. (1 Jean 1, 7)

K. Woerlen (publié le 5 février 2019)