Qui a besoin de se convertir ? (2/2)

               La prédestination

               La doctrine de la prédestination qui se répand comme le cancer est une invention les plus perfides de Satan. Et il réellement possible que Dieu décide à l’avance, sans que nous n’y soyons pour rien, que l’un soit destiné pour le salut et l’autre pour la perdition ? Il est facile de comprendre l’action destructive qu’une telle théorie renferme.

               Si Dieu avait d’avance décidé, d’une façon immuable de me sauver, je n’aurais pas besoin de me donner de la peine ; et si Dieu avait décidé de me rejeter, alors tous mes efforts seraient vains. Autant dire : mangeons et buvons et jouissons de la vie, puisque tout se fait comme Dieu le veut ! Une telle compréhension ressemble au fatalisme des musulmans. Seul une méconnaissance ou une altération des Saintes Écritures peuvent produire une telle compréhension.

               Si les efforts de l’homme pour être sauvé n’avaient aucune valeur, pourquoi Dieu aurait-il utilisé à travers tous les temps les prophètes et ses envoyés pour inviter les hommes ? Pourquoi Noé aurait il reçu l’ordre de construire l’arche et d’annoncer le déluge pendant 120 ans ? Pourquoi Dieu aurait-il envoyé Jonas à Ninive ? Pourquoi David, Esaïe, Ezéchiel, Daniel auraient-ils élevé leurs voix pour appeler à la repentance ? Pourquoi Jésus aurait-il dit : « Efforcez-vous d’entrer… » (cf. Luc 13 v24) et prévenu que : « Le royaume des cieux est forcé, et ce sont les violents qui s’en emparent » (Matthieu 11 v12) ou encore : « Cherchez, et vous trouverez ; frappez, et l’on vous ouvrira » ? (Matthieu 7 v7).

               Certes, Christ a aussi dit : « Il y a beaucoup d’appelés, mais peur d’élus ». Mais ce manque de réussite n’est pas dû à une décision prise par avance, sinon Dieu n’aurait pas eu la cruauté de les appeler. Non, s’ils ne sont pas élus, c’est parce qu’ils n’avaient qu’un désir passif pour être sauvés. Ils ont désiré le salut, mais sans le chercher activement et sans engager un combat violent. Ils n’étaient pas prêts à remplir les conditions qui, pourtant, sont simples : « Il tient en réserve le salut pour les hommes droits » (Proverbes 2 v7), et : « Il fait grâce aux humbles » (cf. Jacques 4 v6).

               Si Dieu ne mettait pas sa grâce à la disposition de tous, pourquoi aurait il dit : « Je ne prends pas plaisir à la mort du pécheur, mais qu’il se convertisse et qu’il vive » (Ezéchiel 18 v32). Il n’y a aucune restriction de la part de Dieu. Ce que l’Ecriture confirme aussi :

« Quiconque invoquera le nom du Seigneur sera sauvé » (Romains 10 v13).

« Celui qui croira et qui sera baptisé sera sauvé » (Marc 16 v16).

« Par un seul acte de justice la justification qui donne la vie s’étend sur tous les hommes » (Romains 5 v18).

« Dieu veut que tous les hommes soient sauvés » (1 Timothée 2 v4).

« Le Dieu vivant, qui est le sauveur de tous les hommes » (1 Timothée 4 v10).

« Car la grâce de Dieu, source de salut pour tous les hommes a été manifestée » (Tite 2 V11).

               Les défenseurs de cette théorie pensent avoir quelques soutient avec l’exemple bien connu d’Esaü : « Les enfants n’étaient pas encore nés et ils n’avaient fait ni bien ni mal (afin que le dessein élection de Dieu subsiste, sans dépendre des œuvres, et par la seule volonté de celui qui appelle… » (Romains 9 v11-13). Voilà une prédestination manifeste, disent-ils.

               Il y a là sans aucun doute une certaine forme de prédestination ; mais jamais, il a été décidé d’avance que Dieu haïrait Esaü et aimerait Jacob. L’Écriture ne parle pas ainsi, mais elle précise que Dieu avait décidé que « l’ainé sera assujetti au plus jeune ». Autrement dit, seule la soumission de d’Esaü à Jacob a été préméditée, mais nullement son rejet. Dieu savait qu’Esaü allait avoir une mesure particulière de cet entendement rebelle dont Satan avait vacciné Eve ; il savait qu’il lui serait utile d’être humilié. C’est cette humiliation que Dieu a décidée par avance, et non pas, répétons-le, de le haïr.

               Mais pourquoi, Dieu a-t-il alors haï Esaü « par la suite » ? Il l’a haï parce qu’Esaü ne s’est pas amadoué. Il a commis l’iniquité de vendre son droit d’ainesse, en y perdant la bénédiction de son père. Mais il imputa cette tournure du destin à la ruse de son frère. Il ne s’imagina pas qu’elle pouvait être l’humiliation que méritait son iniquité. Il ne regretta pas d’avoir méprisé son droit d’ainesse, comme il aurait dû le faire, mais il pleura de colère les bénédictions matérielles qui lui échappaient et que la bénédiction du père devait lui assurer. Pourquoi ne trouva-t-il pas de place pour la repentance ? Par prédestination ? Loin de là ! Ce fut à cause de son orgueil, car la repentance demande de l’humiliation. S’il a été rejeté et haï, ce fut par sa propre faute.

               Un autre exemple est celui de Judas, le fils de la perdition. N’est-il pas dit : « afin que l’Écriture s’accomplisse » (Jean 13 v18) ? Est-ce que Judas fut la victime innocente d’un dessein divin pour accomplir l’Écriture ? Ce qui était prévu et annoncé d’avance par prophétie, c’est que Jésus devait être trahi et qu’il aurait un prix à payer pour cela. Mais il n’a pas été décidé que Judas devait être le traitre ; Cela aurait aussi bien pu être Pierre ou Thomas.

               Mais pourquoi le sort est-il tombé sur Judas ? Pas une loterie aveugle, un destin incompréhensible, immérité ? Loin de là ! Judas était parmi les apôtres celui qui était malhonnête, qui aimait l’argent et qui devint voleur. C’est pourquoi, Satan a trouvé en lui un bon outil, tandis que les sincères comme Pierre et Thomas voulait plutôt mourir pour Jésus. Voilà pourquoi Satan pu « entrer en lui ». Sa condamnation ne fut pas l’aboutissement d’une prédestination, mais la conséquence de sa malhonnêteté.

               Comme dernier argument, les défenseurs de la prédestination citent : « Dieu fait miséricorde à qui il veut, et il endurcit qui il veut » (Romains 9 v18) Il est clair que le Dieu tout puissant peut distribuer ses bénédictions selon son libre arbitre. Jamais, cependant, il ne le fait aveuglement, injustement ou sans cause.

               Si Hénoch n’avait pas marché avec Dieu, il n’aurait pas été enlevé. Si David n’avait pas été un homme selon le cœur de Dieu, il ne lui aurait pas accordé des bénédictions particulières. Si le brigand sur la croix n’avait pas demandé pardon humblement, Christ ne lui aurait pas promis le Paradis. Dieu sauva Jonas repentant de la caverne ténébreuse. Dieu justifia celui qui se frappait la poitrine et confessait ses péchés. A plus forte raison, Dieu n’endurcit jamais quelqu’un sans cause. N’invitait-il pas toujours à nouveau ? « Aujourd’hui, si vous entendez sa voix, n’endurcissez pas vos cœurs ».

               Certes, il est écrit que Dieu endurcit Pharaon. Mais était-ce sans cause ? Cela arriva parce que Pharaon ne voulait pas reconnaitre la toute puissance de Dieu et qu’il désirait, toujours à nouveau, prouver que lui et ses magiciens pouvaient en faire autant que Dieu. C’est la répétition de son arrogance et de sa désobéissance qui força Dieu de l’endurcir pour sa propre ruine.

               Dieu endurcit Israël à cause de sa rébellion et de ses entêtements continuels. Il ne peut faire autrement que d’endurcir tous ceux qui méprisent ses exhortations et ses châtiments. Il n’endurcit jamais l’âme qui le cherche. Il n’endurcit jamais à l’avance, sans raison et sans qu’on le mérite. Dieu est le Dieu d’amour, de miséricorde et de justice.

               La théorie de la prédestination effraie (ou rend indifférent) non seulement ceux qui cherchent le salut, mais elle a aussi une action paralysante sur les ouvriers qui travaillent dans la vigne du Seigneur, sur les témoins qui sont appelés à être la lumière du monde. « Conduire, réveiller et sauver les hommes est uniquement l’affaire de Dieu », prétendent les défenseurs de cette théorie qui ajoutent : « Tout ce que l’homme peut faire n’est qu’un travail humain et bâclé. N’y touchons donc pas » !

               Ce raisonnement conduit à un manque d’intérêt bouillant pour le salut des autres. Certes, le salut est l’œuvre de Dieu, et nos mains n’y ajoutent rien. Mais Dieu peut et veut utiliser les hommes comme des outils à son service. Ce n’est pas Christ qui a enlevé les pierres qui obstruaient la tombe de Lazare, ni les anges qui le firent plus tard pour la tombe de Christ. Sur l’ordre du Maitre, ce sont des hommes qui firent ce travail préparatoire d’ouvrir une voie ; et après, Jésus leur commanda même de délier Lazare !

               Ce n’est pas un ange qui apporta Corneille le message du salut, mais il dut s’adresser à Pierre qui, par expérience, pouvait lui parler de Christ comme aucun ange n’aurait su le faire. Un macédonien apparut à Paul en songe et s’écria : « Viens et aide nous… » ; et c’est aussi dans un songe que Dieu demanda à Paul de rester à Corinthe ; car il y avait là un grand peuple en attente. Pourquoi tous ces appels si Dieu n’a pas besoin des hommes et s’il ne peut les utiliser ? le tremblement de terre n’aurait probablement pas suffi à transformer le geôlier, si les chants de Paul et de Silas ne l’avaient pas déjà ébranlé. Il tomba d’abord au pied des apôtres, avant de recevoir les instructions nécessaires.

               C’est un privilège que Dieu veut nous employer comme ses outils, malgré notre pauvreté. Il doit être un Maitre infiniment grand pour pouvoir se servir d’outils aussi peu performants. Mettons-nous à sa disposition de tout notre cœur et de toutes nos forces !

               L’endurcissement

               Il y a des hommes qui sont des énigmes pour nous. Ils causent à leurs parents et aux ouvriers du Seigneur beaucoup de chagrins, de soucis et de luttes : ce sont les endurcis. Les appels de Dieu, ses bénédictions et ses mises en garde peuvent se déverser sur eux, ils secouent le tout et restent apparemment insensibles. Plus cet état persiste, plus la coquille qui les entoure devient dure. Cette dureté de cœur a différentes origines.

               La Parole utilise ces expressions : « la séduction du péché », « la désobéissance répétitive et caractérisée », « le cou raide, l’incirconcision du cœur et une opposition continuelle au Saint Esprit ». Certains manquent de sincérité, car à ceux qui ne sont pas sincères, rien ne réussit. Et même si Paul dit que Dieu endurcit qui il veut, nous avons vu qu’il n’endurcit personne sans cause.

               L’endurcissement final que Dieu prépare, selon les dires des apôtres, sera la conséquence d’un endurcissement continu et volontaire. Mais Dieu invite aussi les endurcis. Ces personnes ont d’ailleurs spécialement besoin de nos intercessions. Nous voulons prier pour eux, seuls et en commun, et alors Dieu utilisera une fois d plus le marteau pour briser le roc.

               Les ténèbres

               Les personnes les plus affreuse sont celles qui volontairement, préfèrent les ténèbres à la lumière. Or, c’est justement là que réside le terrible jugement dont parle l’apôtre Jean. Il n’y a pas de transgressions qui pèsent plus lourd dans la balance du jugement que de refuser, volontairement la main qui est tendue pour le salut, ou le froid calcul d’un caractère délictueux qui préfère les ténèbres.

               Quel réveil et quel choc terrible auront tous ceux qui « l’ont percé », lorsqu’ils se tiendront comme accusés devant la barre du tribunal de Dieu ou ils verront le Prince du salut. Invitons les âmes à se convertir sans nous lasser ! Que personne dans notre entourage, ou parmi ceux que nous instruisons et pour qui nous devons être des exemples vivants ne se perdent à jamais !

Henri Michel

Publié sur « www.tavolonté.com » en Décembre 2024