Peu importe la tâche
Si l’Éternel ne bâtit la maison, ceux qui la bâtissent travaillent en vain. (Psaumes 127, 1)
Ce n’est pas l’Éternel qui fait le travail à notre place ; mais si nous ne l’invitons pas à travailler avec nous, nos efforts seront vains, la maison manquera de solidité et s’écroulera dès que les pluies, les torrents et les vents de la vie se jetteront contre elle. C’est pourquoi, avant d’entreprendre quoi que ce soit, notre première préoccupation doit être d’inviter le Seigneur à se joindre à nous et à nous aider dans nos tâches.
Ceux qui négligent de le faire - et ils sont malheureusement nombreux – sont aussi les premiers à se demander : « Pourquoi Dieu n’intervient-il pas pour empêcher les difficultés et prévenir les terribles désastres et catastrophes dans ce monde ? » Formée de la sorte, cette question n’a pas de sens et ne trouvera jamais de réponse. En réalité, Dieu n’est jamais « ailleurs ». Étant donné qu’il a investi en l’homme un « souffle de divinité », nous ne sommes jamais séparés de lui et il n’est pas séparé de nous. Mieux vaudrait donc demander : « Pourquoi Dieu laisse-t-il faire ces choses à une partie de lui-même ? » Bien que cette question reste aussi sans réponse, elle nous procure au moins le réconfort de savoir que nous ne sommes jamais seuls dans nos afflictions et tribulations.
Grâces soient à Dieu qui, dans le Christ, nous emmène sans cesse dans son triomphe et qui, par nous, répand en tous lieux le parfum de sa connaissance. (2 Corinthiens 2, 14)
Toutes les missions divines ont une même valeur.
Celui qui plante et celui qui arrose sont égaux et chacun recevra son propre salaire en fonction du travail accompli. (1 Corinthiens 3, 8)
Comme nous travaillons ensemble au service de Dieu, il serait ridicule d’envier nos coopérateurs. Nous ne sommes pas experts dans ce que font les autres, et les autres ne sont pas non plus experts dans ce que nous faisons. Seules importent l’intention et la qualité de nos actes et la fidélité avec laquelle nous menons à bien notre tâche. Dieu lui-même agit en nous, pour produire à la fois le vouloir et le faire au profit de ses bienveillants desseins. Peu importe la tâche ! Petite ou grande, il suffit que nous travaillions avec crainte et tremblement pour mener à bien et notre salut et celui du monde. (cf. Philippiens 2, 12-13)
Bien des hommes se sont illustrés dans l’Histoire par leur contribution à rendre, directement ou indirectement, notre monde plus humain. Mais leurs actions n’ont pas plus de valeur, aux yeux de Dieu, que celles de ces millions de gens simples et inconnus dont les œuvres n’ont jamais attiré l’attention de personne et que l’Histoire ignore. Dieu appelle qui bon lui semble. Et les tâches qu’il confie aux uns et aux autres restent aussi les siennes. Une mission particulière n’est jamais moins valorisante qu’une autre. Seule importe la pureté de nos intentions pour la remplir en fonction de la capacité reçue de Dieu. Qui comprend cela guérira vite de la jalousie et de cette stupide habitude de se comparer aux autres.
Pour nous ouvrir les yeux sur cette habitude de confondre « paraître » avec « être », Jésus cite le cas d’un de ces hommes riches, toujours vêtu d’habits coûteux et raffinés dont la vie n’était chaque jour que festins et plaisirs. Respecté sur terre comme membre de la haute société, il se retrouve dans l’au-delà dans un endroit de tourments où il ne représente plus rien. C’est de là qu’il aperçoit parmi les membres les plus éminents du Paradis, Lazare ce pauvre bougre qui sur terre se tenait devant sa porte, et qu’il avait simplement ignoré. Quel choc ! (cf. Luc 16,19-31)
A quoi bon d’être illustre, célèbre et admiré sur terre pour n’être dans le monde à venir qu’un inconnu inutile ? Plusieurs verront peut-être au Paradis leurs parents - qu’ils ont ignorés et méprisés sur terre à cause de leur piété – entourés comme des célébrités d’une foule d’anges… Et pourquoi ? Simplement parce qu’ils avaient invités Dieu sur terre à les aider à accomplir leur mission. Ils avaient crus :
ces choses, que vous ont annoncées maintenant ceux qui vous ont prêché l’Évangile par le Saint-Esprit envoyé du ciel, et dans lequel des anges désirent plonger leur regards. (1 Pierre 1, 12)