Oubliez !

le 5 mars 2014

Ecoute, ma fille, regarde et tends l'oreille, oublie ton peuple et la maison de ton père, alors le roi désirera ta beauté il est ton Seigneur, prosterne-toi devant lui ! (Psaume 45, 11-12)
Cette exhortation à oublier qu’un père adresse à sa fille en vue de son mariage avec le roi est similaire aux paroles que Jésus adressa à la foule nombreuse faisant route avec lui. (cf. Luc 14, 26-33) Oublier signifie : ne plus se remémorer, ne pas se souvenir, abandonner derrière soi, laisser, ne plus se préoccuper, délaisser, ne pas tenir compte, pardonner, faire abnégation de soi, ne plus penser à ses intérêts. Bref, oublier résume l’exhortation que Jésus adresse à ceux qui désirent le suivre comme disciples : renoncer à sa propre vie, porter sa croix et abandonner ce que l'on possède !

Beaucoup des disciples qui ne comprenaient pas ses paroles se retirèrent de Jésus et n’allaient plus avec lui. (cf. Jean 6, 60-66) Ils ne se rendaient pas compte que ses paroles sont esprit et vie, un appel solennelle à la formation des membres qui forment son corps spirituel : l’épouse de Christ.
Pour ceux qui sont prêts à remplir les conditions requises pour être des disciples, les paroles du Christ procurent et le pardon de leurs déviations et péchés du passé, et la délivrance de leurs misères, revers et déboires comme annoncé par les prophètes et apôtres :
N'aie pas peur, tu n'éprouveras plus de honte, ne sois pas confondue, tu n'auras plus à rougir; car tu vas oublier la honte de ta jeunesse, tu ne te souviendras plus de l'infamie de ton veuvage. (Isaïe 54, 4)
Ta souffrance, tu n'y songeras plus [tu oublieras], tu t'en souviendras comme d'eaux écoulées. (Job 11, 16)
Frères, je ne me flatte point d'avoir déjà saisi ; je dis seulement ceci : oubliant le chemin parcouru, je vais droit de l'avant, tendu de tout mon être, et je cours vers le but, en vue du prix que Dieu nous appelle à recevoir là-haut, dans le Christ Jésus. (Philippiens 3, 13-14)
C’est le privilège du chrétien que d’oublier ses peines, ses aspirations, ses douleurs, ses souffrances, ses défaites et le chemin parcouru pour tendre et courir vers ce qui est devant lui : le prix de la course que Dieu l’appelle à recevoir.
Le chrétien digne de ce nom vit dans la foi, l’espérance et l’amour, et ce chaque jour ou l’on peut dire « aujourd’hui » et aussi longtemps qu’il vivra. Il s’ébat dans les épreuves et les tentations comme un poisson dans l'eau : heureux qu'elles développent cette constance et endurance qui lui permettent d'accéder à la joie parfaite. (cf. Jacques 1, 2-4) Ainsi il peut faire sienne cette exhortation :
Que l'amour fraternel vous lie d'affection entre vous, chacun regardant les autres comme plus méritants, d'un zèle sans nonchalance, dans la ferveur de l'esprit, au service du Seigneur, avec la joie de l'espérance, constants dans la tribulation, assidus à la prière, prenant part aux besoins des saints, avides de donner l'hospitalité. (Romains 12,10-13)
Quelle exhortation, quel encouragement ! Ne nous fions jamais ni à nos sentiments (qui sont souvent trompeuses) ni aux accusations (qui sont toujours diaboliques). Résistons-les fermement avec foi en plaçant toujours l’autre au-dessus de nous-mêmes.
Avant tout, conservez entre vous une grande charité, car la charité couvre [oublie] une multitude de péchés. (1 Pierre 4,8)
L'amour couvre [oublie] toutes les offenses. (Proverbes 10, 12)
Conserver la charité c’est oublier les méchancetés, les sujets d’irritation et tous les actes malveillants que l’on peut commettre à notre encontre. Par charité oublions également tous les commérages ; car la plupart du temps ce qui se raconte et se rapporte n’est jamais exacte, parfois même c’est contraire à la vérité. Penser et réfléchir aux « on dit » n’est d’aucune aide ! Bien au contraire ! En répétant les choses entendues (au lieu de les oublier) nous risquons de les fausser, ou alors elles seront inévitablement fausses lorsque les autres rapporteront ce qu’ils ont cru entendre de nous.
Et puisque aimer c’est donner et véritablement donner ne plus se souvenir, apprenons aussi à oublier le bien que nous avons pu faire durant notre vie. Veillons à exercer le ministère que le Seigneur nous a confié de manière à nous oublier nous-mêmes ! Nous éviterons ainsi à nous enorgueillir.