Ministre de l’Évangile

De cet Évangile j'ai été fait ministre selon le don de la grâce de Dieu, qui m'a été accordée par l'efficacité de sa puissance. (Éphésiens 3, 7)
Quel est donc « cet Évangile » ? N’est-ce pas la bonne Nouvelle que Christ est mort pour détruire les œuvres du diable et ressuscité pour permettre à quiconque croit de vivre en nouveauté de vie, vivre une vie bienheureuse, une vie de victoire sur le péché ? En fait, l’Évangile est une invitation au bonheur, une invitation cordiale à participer aux vertus de Christ et à « la richesses de la gloire de son héritage qu’il réserve aux saints ».
Tout ce que le Père a est à moi ; c'est pourquoi j'ai dit que l'Esprit prend de ce qui est à moi, et qu'il vous l'annoncera. (Jean 16, 15)
Jésus-Christ fît connaître à Paul une part de « la richesses de la gloire de son héritage » en se révélant à lui par l’Esprit Saint. Oui, c'est justement à celui qui s’estimait être « le moindre de tous les saints » que Dieu accorda la faveur d'annoncer aux peuples païens les infinies et insondables richesses cachés en Christ. Servir l’Évangile n'est ni une profession, ni un gagne-pain, mais un témoignage vécu à l’exemple du Christ qui a aimé en se donnant lui-même pour sauver et racheter de la terre ceux qui formeront son corps spirituel : l’Église.
Mais pourquoi Dieu a-t-il donc choisi précisément Saul, ce pharisien ennemi de Jésus-Christ, pour en faire son instrument ? Ne serait-ce pas pour manifester clairement que même le plus grand pécheur - fut-il blasphémateur et persécuteur - peut être sauvé et devenir un saint et fidèle disciple de Christ ? Pour avoir été transporté si radicalement des ténèbres de Satan dans la merveilleuse lumière de Christ, ce pharisien - et future Paul - était mieux que quiconque apte à être un témoin vivant du mystère de Christ. En effet ce ne sont pas des « Seigneurs » qui sont choisis pour être ministres de Jésus-Christ, mais des personnes que le monde considère comme insignifiants, faibles et méprisables, des « serviteurs » qui ne se considèrent pas comme au-dessus des autres.
Être au service des desseins de Dieu, signifie vivre et agir selon le don de grâce, la force et les moyens que Dieu accorde à chacun en particulier. Cependant, nous ne pouvons être utilement au service du prochain que dans les domaines où nous avons aussi été éprouvés ; dans la mesure où la Parole de Dieu a été « faite chair » en nous. Qui aspire à être « grand » et utile dans le royaume de Dieu doit désirer être parmi les « plus petits » dans ce monde.
Ceux qui sont au service du Christ savent que la connaissance fait naître des sentiments de suffisance et qu’elle enfle d’orgueil. Mais ils savent aussi, par expérience, que l’amour seul est constructif : il aide ceux qu’ils côtoient à croître dans la foi parce qu’ils ne font rien d’autre que s’abaisser, se soumettre, servir et donner. C’est à leur comportement que se font reconnaître les saints et fidèles serviteurs de Christ.
L’apôtre Jean compare Dieu le Père avec un vigneron, Jésus-Christ avec un cep et les apôtres avec des sarments. (Jean 15, 1-8) Les apôtres sont issus des premiers croyants, disciples et témoins de Christ. Ensemble ils forment le fondement de l’Église ; en tant que sarments, ils portent comme fruits tous ceux qui croient en Christ à travers leurs paroles. Le fondement de l’Église étant ainsi posé en profondeur, il est évident qu’il ne peut plus y avoir de nouveaux vrais apôtres. Par contre il y aura toujours dans l’Église, jusqu’à la fin de la présente dispensation de grâce, des serviteurs auxquels sont accordés temporairement - jusqu’à ce que… (Éphésiens 4, 13) - les ministères de prophète, d’évangéliste, de pasteur et docteur pour le perfectionnement des saints, et pour annoncer jusqu'aux extrémités de la terre que :
Celui qui croira et qui sera baptisé sera sauvé, mais celui qui ne croira pas sera condamné. (Marc 16, 16)
Malheureusement il y a eu et il y en aura encore beaucoup de prédicateurs infidèles, des serviteurs antéchrist sous bien des formes qui se prévalent indûment de l’Évangile. Ils disent avoir vocation d’annoncer l’Évangile dans des pays lointains ensoleillés, et font pour ce faire appel à la générosité des croyants, sans avoir été des témoins de Jésus-Christ d’abord à « Jérusalem » - leur proche entourage, en « Judée » - l’assemblée locale, et en « Samarie » - leur lieu de travail. (cf. Actes 1 8)
Vous avez ouï dire que l'Antéchrist doit venir ; et déjà maintenant beaucoup d'antéchrists sont survenus : à quoi nous reconnaissons que la dernière heure est là. (1 Jean 2, 18)
Comment identifier ces antéchrists ? D'abord à la pratique d’utiliser l’Évangile comme une source de gain, ensuite à la manière de prêcher pour se faire un nom. Leurs prédications émaillés de « moi » et de « je » mettent en évidence que leurs activités religieuses servent à tout, sauf glorifier le nom de Dieu.
N’oublions jamais que l'Esprit Saint ne peut pas s’exprimer à travers ceux qui vivent encore dans les ténèbres du péché. Ces prédicateurs et pasteurs scrutent les Écritures, citent des passages en grec, en hébreux, mais ils n’entendent pas la voix de l’Esprit qui conduit dans toute la vérité. Ils prophétisent au nom du Christ et l’appellent : Seigneur, Seigneur… mais la parole de Jésus-Christ ne demeure point en eux ; leurs séductions et miracles mensongers sont incapables de sauver et affranchir les pécheurs de leurs misères.
Vous n'avez jamais entendu sa voix, vous n'avez point vu sa face, et sa parole ne demeure point en vous, parce que vous ne croyez pas à celui qu'il a envoyé. (Jean 5, 37-38)
Dieu a caché ses richesses divines sous la protection de la sagesse qui est en Jésus-Christ. Ces richesses spirituelles sont aujourd'hui à la disposition de tous ceux qui demeurent en Christ.
Que personne donc ne mette sa gloire dans les hommes ; car tout est à vous... et vous êtes à Christ et Christ est à Dieu. (1 Corinthiens 3, 21-23)
Notre communion avec Dieu le Père se développe dans la mesure où nous cherchons ce qui est humble, petit, voire une folie aux yeux des hommes ; l’imitation du renoncement et de l’abaissement du Christ assurent la communion avec Dieu et nous rend riche en lui. Être pauvre en Dieu n'est une gloire pour personne, ni pour Christ ni pour nous. Si nous ne sommes pas riches en Dieu, nous n'avons pas encore cru comme nous devrions croire.

K. Woerlen (publié le 5 septembre 2018)