L'utilité des difficultés

le 25 janvier 2017

Et d'abord, j'apprends que lorsque vous vous réunissez en assemblée, il y a parmi vous des divisions, et je le crois en partie, car il faut qu'il y ait aussi des sectes parmi vous, afin que ceux qui sont approuvés soient reconnus comme tels au milieu de vous. (1 Corinthiens 11, 18-19)
N'est-il pas terrible, voire impensable, en tout cas inconvenant, que des difficultés puissent surgir entre frères et sœurs, dans une assemblée chrétienne ? A vrai dire non ! Cela n'est ni terrible ni étonnant. Au contraire, il faut qu'il en soit ainsi, dit l’apôtre, afin que ceux qui sont approuvés soient reconnus comme tels au milieu de nous. En effet, l'approbation d'une personne se fait en fonction de son comportement dans les épreuves.
En tant que disciples, nous sommes appelés à apprendre à surmonter des obstacles qui peuvent, dans des circonstances les plus invraisemblables, se présenter dans notre vie. Pour ce faire, Dieu s'emploie à nous faire traverser des situations pénibles et douloureuses en utilisant comme collaborateurs, de préférence, des personnes qui nous sont les plus proches. Les troubles et les souffrances qui en résultent sont simplement des moyens que Dieu utilise pour activer le développement de notre vie intérieure..
Les obstacles ne surgissent jamais du néant ; elles trouvent leur origine toujours dans le comportement des hommes. Si l'on conçoit aisément que des accrocs puissent surgir entre personnes incrédules (ceux dont l'église ne fait aucun cas), il est par contre plus difficile de concevoir que des problèmes similaires surviennent entre les frères et sœurs d’une assemblée qui se veut chrétienne.
Si nous considérons la nature des peines et des embarras que des inconvertis peuvent susciter, nous comprenons aisément que ce genre d’épreuves est d'un niveau accessible aux nouveaux convertis. Mais le développement spirituel de ceux qui ont dépassé le stade des débutants exige des épreuves plus consistantes et plus douloureuses. Et c'est justement ce qui arrive, généralement, lorsqu'elles sont provoquées par des frères et sœurs de l'assemblée.
Si nous considérons la nature des embarras que peuvent susciter des inconvertis, nous comprenons aisément que ce genre de troubles est d'un niveau accessible aux jeunes convertis. Mais le développement spirituel des chrétiens plus affermis exige des épreuves plus consistantes et plus douloureuses. C'est ce qui se produit généralement lorsqu'elles sont provoquées par les frères et sœurs de l'assemblée.
Nous ne devons donc pas nous alarmer ou nous inquiéter, lorsque des problèmes et des tensions apparaissent. Bien au contraire, puisque nous savons que ces épreuves ne peuvent que développer notre foi et notre espérance, tout en nous ouvrant de nouveaux accès à des richesses divines insoupçonnées, nous pouvons simplement rester confiants.
Ce qui est cependant problématique pour beaucoup c'est le fait que, dans une situation donnée, des frères ou des sœurs puissent se comporter d'une façon si incorrecte qu'elle ne se rencontre pas même chez les inconvertis ! Il faut alors se rappeler ce qui arriva à Joseph de la part de ses propres frères !
Joseph alla après ses frères, et il les trouva à Dothan. Ils le virent de loin; et avant qu'il fût près d'eux, ils complotèrent de le faire mourir. (Genèse 37, 17-18)
C'est bien plus tard que Joseph dira à ses frères :
Vous aviez médité de me faire du mal, Dieu l'a changé en bien, pour accomplir ce qui arrive aujourd'hui, pour sauver la vie à un peuple nombreux. (Genèse 50, 20)
Nous voyons que grâce à ses frères, et aux conséquences pénibles qui s'en suivirent, Joseph fut formé pour être placé à la tête de son peuple, qu'il rendit très fécond et bien plus puissant que ses adversaires.
C'est pourquoi, lorsque quelqu'un se comporte de manière « impossible » à notre égard, nous devons nous souvenir que c'est de cette manière que Dieu travaille encore aujourd'hui avec ceux qui désirent être formés pour le servir. Peu importe, en quelque sorte, le comportement des autres, puisque dans sa sagesse Dieu fait concourir toutes les choses à notre bien, aussi longtemps que nous l'aimons plus que tout autre chose. Ainsi, même si quelqu'un voulait consciemment (ce qui n'est généralement pas le cas) mal agir à notre égard, Dieu changera quand même la chose en bien, non seulement pour notre propre compte, mais aussi pour le bénéfice du plus grand nombre possible dans l'assemblée.
Le fait que deux personnes se heurtent aura naturellement des conséquences qui dépendront du comportement de celui qui se sent traité injustement. C'est à lui de trouver dans cette « injustice » une opportunité de salut et d'avancement spirituel avec le privilège, en « prime, » de pouvoir aider celui qui a agi injustement. Mais si l’offensé ne veut pas supporter l'injustice, ou en réagissant humainement, il court le grand danger de se perdre.
Il n'est pas rare qu'une personne considérée comme « impossible » se frotte précisément avec une personne fidèle et persévérante. Cette dernière aura alors une possibilité de voir combien il lui est encore difficile de supporter de telles situations, et, combien il lui est difficile aussi d'aimer et de supporter l'autre tel qu'il est. De telles affaires sont alors des occasions uniques pour que nous mettions en pratique les choses enseignées et entendues aux réunions et pour lesquelles nous avons si souvent témoigné. De telles épreuves sont propices pour examiner, de façon consciente, si nous sommes réellement crucifiés avec Christ, ou si nous vivons encore pour nous-mêmes. Lorsque la mort de Jésus est agissante dans notre corps, la vie de Jésus se manifestera aussi par davantage de persévérance, de fidélité et de sagesse.
Dans les épreuves on est facilement tenté de corriger l'autre. Ne faut-il pas « aider » la personne qui nous a créé tant de soucis et de difficultés ? Non ! car cela n'est pas mon affaire.  Je peux cependant prier pour cet ami pour qu’il puisse, lui aussi, recevoir sa part de profit et de salut dans cette affaire ! C'est ainsi qu'agit, en tout cas, toute personne qui a un entendement divin et dont le cœur est rempli de l'amour de Dieu. Mais ce qui en résulte dépendra, naturellement, de la personne concernée. Nous ne devons donc pas nous soucier outre mesure à son sujet, mais plutôt nous reposer en Dieu, sachant qu'il veut, dans tous les cas, produire ce qu'il y a de meilleur en chacun de nous.
De notre côté, le résultat dépendra tout simplement de notre volonté de nous humilier et de nous abaisser. Le prix à payer est de renoncer à nous-mêmes. Cela nécessite de la persévérance, de la longanimité et de la grâce pour parcourir jusqu'au bout ce chemin toujours solitaire. Cela peut prendre du temps, beaucoup de temps, mais nous y arriverons et pourrons alors voir et comprendre comment toutes ces choses, et beaucoup d'autres, nous ont été salutaires.
Et lorsque la personne « impossible » se rendra compte par elle-même que son opposition n'a provoqué en nous que davantage de longanimité et de bonté, elle trouvera, peut-être, le chemin du trône de la grâce où elle pourra également recevoir l'aide pour parvenir au salut que Dieu a en réserve pour elle.