Fortifié dans l'homme intérieur

Afin qu'il vous donne, selon la richesse de sa gloire, d'être puissamment fortifiés par son Esprit dans l'homme intérieur, en sorte que Christ habite dans vos cœurs par la foi. (Éphésiens 3, 16-17)
Après avoir formé un corps d'homme à partir de la glaise, Dieu transforma sa création par un « souffle de vie » en « une âme vivante ». Un être composé d'un corps : « l'homme extérieur » destiné aux activités terrestres, et d'une âme : « l'homme intérieur » destiné au contact avec les choses spirituelles. L'homme intérieur est constitué de l'âme et de l'esprit. Au moyen du corps, l'âme est en contact avec le monde terrestre et l’esprit avec le monde spirituel. Tel un miroir, l'esprit reflète soit l’image de Dieu, soit l’image de Satan. Aussi longtemps que le miroir est bien entretenu, la liaison avec Dieu est limpide et l'âme trouve sa joie en Dieu. L'homme intérieur n'a alors pour unique désir d'honorer son créateur en dirigeant son corps - homme extérieur – dans l’obéissance de la foi et la sagesse de Christ.
C'est « l'homme intérieur » qui procure à l'espèce humaine la prééminence sur toutes les créatures terrestres. En effet, les animaux qui n’ont pas de vie intérieure ne connaissent pas leur créateur ; ils se meuvent selon les instincts de leur corps comme le font les humains dont l'homme intérieur est mort ou devenu insensible aux choses spirituelles.
Lorsque Adam choisit d’écouter le rusé serpent, son esprit s'est détourné du créateur et son âme s'attacha aux choses visibles. Séparé de la source de vie, son homme intérieur mourut et Adam devint ainsi « le premier mort d'entre les vivants ». Après avoir perdu leur communion avec Dieu, Adam et Eve changèrent brutalement de comportement : ils eurent honte, furent saisi de crainte et se cachèrent. Et depuis cet incident, leurs descendants naissent « morts dans le péché » : leur esprit étant séparé de Dieu, ils sont par nature ses ennemis et privés de la vie véritable, éternelle. Et ils le resterons aussi longtemps que l’Esprit vivifiant de Christ ne vient habiter leur cœur pour leur permettre de se développer dans le bien.
Contrairement à Adam et Eve qui connurent « le bien » et « le mal » leurs descendants n’ont jamais connu « le bien » ni réalisés que leur « homme intérieur » est mort. Ce que les hommes qualifient aujourd'hui de vie, n'est rien d'autre qu’admirer et convoiter ce qui appartient aux prochains, posséder les choses de ce monde - surtout l'argent – et vénérer les arts et l’humour.
Aussi longtemps que Christ n’habite pas dans un cœur par la foi, l’homme a beau courir après les plaisirs : quoique vivant, il est spirituellement mort. (1 Timothée 5, 6) Mais comme Dieu a mis en lui un « souffle de vie », l’homme aspire inconsciemment à retrouver la vie véritable qu’Adam a perdue. Mais aveuglé par le péché, il cherche par des moyens humains à trouver le bonheur et vaincre la mort. Cette recherche est aussi vaine que ne l'était la construction de la tour de Babel pour atteindre les cieux.
Dieu est devenu si indifférent aux hommes qu’ils le fuient quand il leur parle - comme Israël dans le Sinaï - qu’ils le méprisent quand il se présente dans la personne du Christ, qu’ils se cachent quand il leur dévoile sa gloire, qu’ils font la sourde oreille quand il éveille leur conscience et qu’ils refusent son invitation quand il leur propose et du bonheur et le repos. Malgré ce comportement, Dieu maintient son offre de salut : guérir l’homme de son aliénation et son aveuglement au moyen de l’Évangile.
Jésus-Christ dépeignait le royaume des cieux comme un festin fastueux jalousé par les pauvres. Pourtant, aujourd'hui comme hier, son invitation trouve des portes closes. La plupart des invités ont des choses « plus importantes » à faire. Mais la véritable raison est leur manque de goût pour les choses célestes parce qu’ils sont « morts quoique vivants ».
Que des hommes affairés soient ingrats peut se comprendre ; ce qui l’est moins, c'est que beaucoup de croyants doutent aussi que Dieu veuille les rendre riches. Ces croyants sont aussi « faibles » pour pratiquer le bien que les pécheurs sont « forts » pour pratiquer le mal : ils n’ont ni la force pour faire le bien, ni la force pour ne pas faire le mal. (Romains 7, 19) Ce n'est pas de cette sorte de faiblesse que les enfants de Dieu doivent se glorifier !
Grâce au « souffle de vie » qui rendit l’homme vivant, celui-ci possède une loi innée qui lui permet de pratiquer naturellement ce que prescrit la Loi de l'ancienne Alliance : ne pas voler, ne pas tuer, ne pas mentir et ne pas commettre de l'adultère. (Romains 2, 14-15) Certes, l'endurcissement du péché et sa familiarité conduit la plupart des hommes à transgresser cette loi de leur propre conscience.
Dieu n'a pas donné les paroles du décalogue, dites « les dix commandements », pour amener les hommes à la perfection, mais pour les préparer à trouver la porte étroite de la voie resserrée qui mène à la vie. Les lois de l’ancienne Alliance devaient provoquer un dégoût envers le péché et susciter parmi le peuple le désir à vivre autrement : une vie affranchie de la loi du péché et de la mort, une vie nouvelle, libre et parfaite. Sachant que la Loi ne pouvait réaliser cela en l’homme intérieur, il était dans le dessein de Dieu d’instituer une nouvelle Alliance : le régime du Saint Esprit.
La loi de l'Esprit qui donne la vie dans le Christ Jésus t'a affranchi de la loi du péché et de la mort. De fait, chose impossible à la Loi, impuissante du fait de la chair, Dieu, en envoyant son propre Fils avec une chair semblable à celle du péché et en vue du péché, a condamné le péché dans la chair. (Romains 8, 2-3)
Parce qu’il a aimé au lieu de désirer, et préféré mourir au lieu de se venger, Christ a non seulement accompli les prescriptions de la Loi, mais il peut désormais inscrire dans notre esprit et notre cœur sa loi nouvelle de l'amour divin. Et grâce à cet amour divin que l’Esprit répand dans notre cœur - l'homme intérieur, nous avons, nous aussi, la force de résister au diable, et vivre selon la volonté de Dieu. Et ce que Dieu veut :
C’est votre sanctification ; c'est que vous vous absteniez d'impudicité, que chacun de vous sache user du corps qui lui appartient avec sainteté et respect, sans se laisser emporter par la passion comme font les païens qui ne connaissent pas Dieu ; que personne en cette matière ne supplante ou ne dupe son frère. (1 Thessaloniciens 4, 3-6)
Christ est mort sur la croix en faiblesse afin de revivre en nous avec sa force. En restant crucifié avec le Christ, son Esprit agit et reproduit sa vie en nous. Il vit en nous, et nous vivons en lui. Au fur et à mesure que nous vivons dans l’Esprit et marchons selon l’Esprit, nous apprenons à être heureux même dans les afflictions, les tribulations et autres épreuves de la vie. L’Esprit nous rend si mature que nous ne nous plaignons jamais de rien.
« L’homme extérieur » - le corps - est alors au service de « l'homme intérieur » et de l'Esprit d’amour qui y règne. La victoire sur tout péché conscient devient ainsi une réalité. Car l'Esprit Saint nous donne tout ce qui est nécessaire pour ne pas rester des enfants en Christ - des nourrissons - avec leurs jalousies, murmures et plaintes. Il nous procure la santé et la force pour croître jusqu'à la stature d'homme fait. Au milieu d’un monde pervers et égoïste, nous pouvons aimer sans fraude et continuer à toujours nous sanctifier avec joie.

K. Woerlen (publié le 5 novembre 2018)