Esclave du péché ou de la justice ?

Ne savez-vous pas qu'en vous offrant à quelqu'un comme esclaves pour obéir, vous devenez les esclaves du maître à qui vous obéissez, soit du péché pour la mort, soit de l'obéissance pour la justice ? (Romain 6, 16)
L'être humain est capable du meilleur et du pire. Son comportement ne dépend que de l'esprit qui l'anime et exerce son pouvoir sur lui. Aussi longtemps qu'il est sous l'influence de l'esprit du monde, il est tenu de par sa nature à lui obéir et accomplir ses volontés. Prisonnier du maître qui régit ce monde, il place nécessairement ses facultés et ses membres au service du désordre et de l’immoralité ; il est le malheureux esclave de celui auquel il se voue et qu’il sert. C’est pour affranchir l’homme de cette emprise de l’esprit du mal que Jésus-Christ est venu dans ce monde. Après avoir triomphé sur la croix de la puissance du péché et brisé le joug du mal, il a envoyé après sa résurrection l’Esprit Saint qui affranchit du péché et asservit à la justice ceux qui le reçoivent.
Grâces soient rendues à Dieu ; jadis esclaves du péché, vous vous êtes soumis cordialement à la règle de doctrine à laquelle vous avez été confiés, et, affranchis du péché, vous avez été asservis à la justice. (Romains 6, 18)
Après la nouvelle naissance et l’affranchissement du péché commence pour les disciples de Christ la vie de sanctification et d’obéissance de la foi. Ce sont tous les disciples, aussi bien les « nouveaux nés » que les autres, que l’apôtre Paul exhorte : a foi. Ce sont tous ces « nés de nouveaux », mais aussi tous les autres disciples, que l’apôtre Paul exhorte :
Travaillez avec crainte et tremblement à accomplir votre salut. (Philippiens 2, 12)
Ce travail qui ne peut pas se faire sans notre consentement consiste à nous affranchir de ce que l’apôtre appelle les actions de notre corps : les actions et gestes naturels, humains et sentimentaux que nous commettons sans y être impliqué consciemment. A travers cette oeuvre de sanctification, notre vie commence à être imprégnée par ce qui est divin ; nous nous laissons conduire par l’Esprit, suivons ses indications et apprenons à agir comme il le désire. Ainsi l’Esprit œuvre à transformer notre vie humaine et naturelle en une vie spirituelle qui reflète l’image de Dieu.
Les enfants de Dieu ont particulièrement au début de la vie chrétienne un comportement humain très prononcé. Plus ou moins indiscipliné et insoumis à l'Esprit, ils donnent souvent aux incroyants - à ceux du dehors - des occasions à se moquer de Dieu et à tourner en dérision le beau nom de Jésus-Christ et l'oeuvre de l'Esprit Saint. C'est la raison pour laquelle l’apôtre exhorte les Colossiens à régler leur comportement envers ceux qui ne font pas partie de la famille de Dieu, et de profiter d’un moment favorable pour leur parler.
Conduisez-vous avec sagesse envers ceux du dehors ; sachez tirer parti de la période présente. Que votre langage soit toujours aimable, plein d'à-propos, avec l'art de répondre à chacun comme il faut. (Colossiens 4, 5-6)
Lorsqu'il s'agit là d'une maladie de jeunesse, l’insoumission a pour origine l’inexpérience et un manque de vigilance. Dans l'enthousiasme de la conversion les jeunes oublient - ou ils ne le savent pas encore - qu'une bonne disposition de coeur n'est pas suffisante à elle seule pour faire sienne la volonté de Dieu. Ils doivent apprendre que toute confiance en la chair - c'est-à-dire : en soi-même ou en l’homme - est en opposition à la volonté de Dieu. Tout en étant bien disposés à suivre leur maître, les disciples étaient incapables de veiller une heure avec lui : ils s'endormirent. C'est à cette occasion que le Seigneur fait cette  remarque à Pierre :
Ainsi, vous n'avez pas eu la force de veiller une heure avec moi !  Veillez et priez pour ne pas entrer en tentation : l'esprit est ardent, mais la chair est faible. (Matthieu 26, 40-41)
Cet épisode du jardin de Gethsémani montre clairement combien l'esprit humain, même bien disposé, est contrarié par l’habitude, la volonté et la faiblesse de la chair. Non seulement la volonté humaine et charnelle est incapable d’obéir à l’Esprit, mais elle ne le veut même pas. Car se soumettre aux injonctions et préceptes de Dieu signifierait que la volonté humaine s'oppose à elle-même… Et à cause de cette faiblesse de la chair, il faut, pour pouvoir faire la volonté de Dieu, qu’elle et ses désirs soient crucifiés avec Christ. Il est bon de toujours se rappeler que :
Le désir de la chair, c'est la mort, tandis que le désir de l'esprit, c'est la vie et la paix, puisque le désir de la chair est inimitié contre Dieu : il ne se soumet pas à la loi de Dieu, il ne le peut même pas. (Romains 8, 6-7)
Bien que la nature de l'homme soit altérée, elle n'est cependant pas sans valeur. Au contraire ! Le dessein de Dieu est de transformer l’homme en un collaborateur utile et bon. Mais pour réussir cette transformation, il faut que le croyant empêche ses penchants naturels à faire ce qu'ils veulent en les assujettissant aux injonctions de l'Esprit durant le temps qu’il lui est permis de vivre sur terre. Pour que la réussite soit heureuse, il convient que nous ayons, à cause de notre nature charnelle, une opinion modeste sur nous-mêmes et, à cause de l'Esprit qui a répandu l’amour dans nos cœurs, de grandes pensées sur Dieu.
Il est tout à fait convenable, au regard de notre condition humaine et de ce que nous étions au temps de notre vie passée loin de Dieu, de nous tenir dans la crainte et dans une profonde humilité. Cependant, en considérant l'oeuvre que Dieu a créée en nous et l'espérance du prix de la vocation céleste, nous pouvons et devons toujours triompher. Ce n'est pas une hypocrisie que d'avoir cette attitude double : d’être humble et se glorifier. Ce qui vient de Dieu doit être glorifié et ce qui est de l'homme doit disparaître.
Le roi David avait illustré ce comportement lorsqu'il dansait en tournoyant de toutes ses forces devant Yahvé pour le glorifier. A Mikal, sa femme, qui le méprisa pour sa conduite jugée « indigne d’un roi », il répondit :
C'est devant Yahvé que je danse ! Par la vie de Yahvé, qui m'a préféré à ton père et à toute sa maison pour m'instituer chef d'Israël, le peuple de Yahvé, je danserai devant Yahvé et je m'abaisserai encore davantage. Je serai vil à tes yeux, mais auprès des servantes dont tu parles, auprès d'elles je serai en honneur. (2 Samuel 6, 21-22)

K. Woerlen (publié le 15 novembre 2016)