De l'histoire de l'homme
Ils briseront leurs épées pour en faire des socs et leurs lances pour en faire des serpes. On ne lèvera plus l'épée nation contre nation, on n'apprendra plus à faire la guerre. (Isaïe 2, 4)
Ce verset inscrit sur un mur du quartier général de l'Organisation des Nations Unies à New York, témoignage du rêve de l’humanité de faire du monde un lieu d’amour et de paix. Quel chemin l’humanité aura alors parcouru depuis que l’homme a quitté sa vie insouciante au jardin en Éden !
Au Paradis, Adam et Eve ne connaissaient qu'une seule réserve : ne pas manger de l'arbre de la connaissance du bien et du mal... Mais comme un serpent séducteur les encouragea à en manger et qu’un fruit mystérieux fascine plus qu’un autre, il leur était difficile de ne pas céder à la tentation. Si le serpent avait promis des richesses, la célébrité et une sexualité de rêve, il n’aurait pas pu les séduire, car l’homme n’est pas vraiment motivé par ces choses. Argent, célébrité et sexe ne sont qu’une contrefaçon de son désir : être comme Dieu. Connaissant ce désir profondément humain, le serpent incita Adam et Eve à en rêver en disant :
Dieu sait que, le jour où vous en mangerez... vous serez comme des dieux. (Genèse 3, 5)
Voilà une vocation attrayante !
Depuis, les hommes se laissent toujours séduire par une même contrefaçon de la réalité : le mensonge. Bien que l’argent la célébrité et le sexe ne comblent jamais leurs besoins profonds, le désir d'être « comme Dieu » est à l'origine de toutes les initiatives et ambitions humaines.
L’histoire humaine montre que le désir de manifester l'immanence divine réside au fond de des cœurs. L’homme revendique le droit, même pour faire le mal, d'être son propre maître, d’être dieu. C'est ce qui est incorrect. Car bien que l’homme fût créé à l'image de Dieu, il n’est qu’un « souffle de Dieu ». Cette immanence divine le presse à manifester le désir d’être « soi-même » et à démontrer sa liberté. Face à ce dilemme sous-jacent Adam et Eve ont du se demander s’ils devaient renoncer à eux-mêmes et obéir à Dieu ou affermir leur liberté et satisfaire leurs désirs. Ils n’ont pas compris que le bon choix était de « renoncer et obéir » et non pas « suivre leurs désirs ».
Notre mission est de joindre l’immanence divine en nous à la transcendance divine au-delà de nous ; associer l’âme et l’esprit à la parole de Dieu. Ce faisant nous manifestons non seulement le désir que l'Esprit de Dieu exprime en nous, mais nous découvrons soudainement l’accomplissement de cette parole :
Dieu est là qui opère en vous à la fois le vouloir et l’opération même, au profit de ses bienveillants desseins. (Philippiens 2, 13)
Dieu affermit alors notre « moi » et en révèle son aspect divin. Pour avoir voulu affirmer eux-mêmes leur « moi » en défiant la parole de Dieu, Adam et Eve ont perdu la jouissance de la présence de Dieu. Brutalement affaiblies et effrayés et ils ne pensaient qu’à se cacher.
La séparation entre l’âme et la parole de Dieu (l'immanence divine de la transcendance divine) est à l’origine de tous les actes répréhensibles. S’affermir au mépris du dessein de Dieu condamne l’ego à la médiocrité, discrédite l’être humain et le flétrie comme une plante déracinée. Lorsque notre esprit est déconnecté de la parole de Dieu, nous ne pouvons plus ni refléter l’image de Dieu ni faire face à Dieu.
Autre est l’éclat du soleil, autre l’éclat de la lune. (1 Corinthiens 15, 41)
La lumière du soleil symbolise la transcendance divine - l’amour de Dieu ; la lumière reflétée par la lune symbolise l’immanence divine en l’homme. Lorsque la lune se trouve face au soleil, elle reflète sa lumière pleinement, sinon elle n’en donne qu’un pâle reflet ou devient même invisible. C’est ce qui arriva à Adam et Eve. En mangeant du fruit proscrit pour être « comme Dieu », ils ont séparé l’immanence divine de l’âme avec la transcendance divine. Ne se trouvant plus face à « l’unicité de Dieu », leur reflet divin s’estompa au point qu’ils allèrent se cacher. Leur déconnexion avec « l’unicité de Dieu » eut comme autre conséquence tragique la dégradation du statut de la femme et la malédiction de cette domination masculine :
Il dominera sur toi ! (Genèse 3, 16)
En raison de cette domination masculine (si prisée à travers les siècles), Dieu a pris un aspect masculin aux yeux du monde; Il n'était plus « tout en tous » - l'unicité. Les hommes ont fait de lui un dieu masculin. Ce mépris fait que l’évolution de l’humanité consiste, paradoxalement, en une lutte pour renouer avec celui qui n’est que « unicité ». Ce Dieu d’amour que Christ a manifesté en disant :
Qui m’a vu a vu le Père. (Jean 14, 9)
Notre âme évolue vers son ultime face à face avec Dieu. La rédemption de l’âme et de l'esprit mettra fin à cette malheureuse dominance masculine qui subsiste encore de nos jours. Alors l’humanité comprendra que Dieu est « au-delà » de la transcendance et de l'immanence, qu’il est « unicité » et que le miracle de l'amour vrai est l’union de l’homme avec Dieu sans qu’il soit lui-même un dieu.
En accueillant la parole de Dieu, Abraham et Sarah ont mis en mouvement un processus de rédemption qui se développera grâce à la réceptivité d’Isaac, de Rebecca et des douze fils de Jacob. D’abord individuelle, la Rédemption devient tribale et, avec la libération des descendants de l'esclavage en Égypte et la révélation du décalogue au Mont Sinaï - lorsqu’au milieu d’un feu, Dieu parle à Moïse face à face - (Deutéronome 5, 4) elle s’étendra à tout le peuple juif et culminera avec son retour de l'exil à la Terre Promise et la reconstruction du Temple à Jérusalem. Cependant, la Rédemption ultime est universelle. Le monde entier s’y prépare pour voir l’accomplissement de la prophétie d’Isaïe (proclamée et par les Nations Unies) et celle de l’armée céleste :
Gloire à Dieu au plus haut des cieux et sur la terre paix aux hommes objets de sa complaisance ! (Luc 2,14)
Commencée avec la résurrection de Jésus Christ - le Messie, la Rédemption s’étendra au monde entier pour l’envahir par l’amour et la connaissance de l’unicité de Dieu.
Le pays sera rempli de la connaissance de Yahvé, comme les eaux couvrent le fond de la mer. (Isaïe 11, 9)
La fin des guerres, le règne de l'amour et de la paix ne sont cependant pas la fin ultime. La paix, la foi, l’espérance et l'amour ne sont pas un destin, mais un voyage sans fin...