De la volonté de Dieu

Quelle peut bien être cette volonté de Dieu que des milliers de croyants mentionnent lorsqu’ils récitent « le notre Père » cette prière que Jésus a léguée à l’humanité ? Ne serait-ce pas que tous les hommes aiment comme Jésus invita ses disciples à aimer ?
Comme je vous ai aimés, aimez-vous les uns les autres. (Jean 13, 34)
Jésus ne faisait sur terre que ce qu’il voyait faire son Père céleste : aimer. Jésus aussi faisait lever son soleil (son amour) sur les méchants et sur les bons, et il faisait pleuvoir (ses bénédictions) sur les justes et sur les injustes. (Mathieu 5, 45) C’est en aimant que Jésus accomplît à la perfection les commandements que Dieu confia à l’humanité pour éviter qu’elle ne s’autodétruise en imitant à l’infinie Caïn qui, en tuant son frère Abel, (Genèse 4, 80) commit le premier meurtre connu dans l’histoire des hommes.
Si nul ne pouvait convaincre Jésus de péchés, c’est parce qu’il aimait toujours, en tout temps et en toutes circonstances, même lorsque les chefs religieux l’accusaient de transgresser les lois et traditions religieuses. Il en est ainsi de tous ceux qui sont nés de Dieu. Bien qu’ils ne respectent pas toujours les traditions, ils ne peuvent pécher parce que la semence de Dieu (son amour) demeure en eux. (1 Jean 3, 9) Comme il fut impossible à Jésus de pécher, de même il est aussi impossible aux disciples de pécher lorsqu’ils pratiquent ce commandement nouveau :
Comme je vous ai aimés, aimez-vous les uns les autres.
Qui aime n’exige jamais ! Qui aime ne désire rien et ne convoite rien de ce qui appartient à l’autre, à son prochain. Aimer commence là où s’achève ce dixième précepte du décalogue :
Tu ne désireras pas la maison de ton prochain. Tu ne désireras pas la femme de ton prochain, ni son serviteur, ni sa servante, ni son bœuf, ni son âne, ni rien de ce qui appartient à ton prochain. (Exode 20, 17)
Quiconque aime, donne et offre ! L’amour ne peut s’exprimer que dans un seul sens : toujours en direction des autres. L’amour donne et donne sans compter ! Il donne et se donne sans fin ! Voila pourquoi Dieu est Amour et Jésus-Christ l’amour personnifié.
En 1 Corinthiens 13, 1-3 l’apôtre Paul montre de quoi l’homme est capable sans être poussé par l’amour : Il peut parler les langues des anges, prophétiser, avoir la science de tous les mystères et toute la connaissance, avoir toute la foi, distribuer tous ses biens et livrer même son corps pour être brûlé. L’Homme est capable de faire toutes ces choses « positives » sans avoir de l’amour parce qu’il s’attend à recevoir et l’approbation et l’honneur de la part des hommes. De telles actions découlent d’une sorte de charité humaine derrière laquelle l’homme dissimule son égoïsme.
L’amour divin n’est jamais égocentrique. Il est toujours à sens unique, toujours dirigé vers les autres ; l’amour pense aux autres et s’oublie soi-même. C’est ce que l’apôtre Paul dévoile lorsqu’il écrit :
L’amour n’est point envieux, il ne se vante point, il ne s’enfle point d’orgueil, il ne fait rien de malhonnête, il ne cherche point son intérêt, il ne s’irrite point, il ne soupçonne point le mal, il ne se réjouit point de l’injustice. Bien au contraire ! L’amour est patient, pleine de bonté, il se réjouit de la vérité (notamment de la parole de Dieu), il excuse tout, croit tout, espère tout et supporte tout. (1 Corinthiens 13, 4-7)
Nul ne peut faire la volonté de Dieu et aimer sans qu’il renonce à toutes ses exigences. Un « amour » qui exige, convoite et demande est un comportement charnel et humain qui va à l’encontre de l’amour divin qui, lui, ne sait faire autre chose que donner et donner et donner…
Celui qui récite « le notre Père » fait cette demande : Que ta volonté soit faite ! Il exprime ainsi (certes pour beaucoup inconsciemment) le besoin de renoncer à tout ; ce faisant, il se trouve en position favorable pour répondre a l’invitation que Jésus adressa à la multitude qui le suivait pour bénéficier de ses bienfaits. Il peut lui répondre : « Me voilà prêt à renoncer à ma vie (à toute exigence) et à me charger de ma croix (pour y mourir) ». (Luc 14, 25-27)
C’est alors que la foi en la parole du Christ lui procure, non seulement la paix avec Dieu, mais, bien plus, la capacité de pouvoir être son disciple qui, au-delà du pardon des péchés, accède à cette grâce par laquelle l’Esprit Saint déverse l’amour divin dans son cœur. (Romains 5, 5) En effet, c’est en fuyant la corruption (l’égoïsme) de ce monde, que nous devenons, par la plus précieuse des promesses, participants de la nature divine. (2 Pierre 1, 3-4) La prière : Que ta volonté soit faite ! se réalise alors en nous de sorte qu’il nous est possible d’aimer sur la terre comme au ciel.

K. Woerlen (publié le 25 février 2019)