De la vocation chrétienne
le 25 décembre 2014
L'Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu'il m'a consacré par l'onction, pour porter la bonne nouvelle aux pauvres et panser les cœurs meurtris. Il m'a envoyé annoncer aux captifs la délivrance et aux aveugles le retour à la vue, renvoyer en liberté les opprimés, proclamer une année de grâce du Seigneur. (Luc 4, 18-19)
Après avoir fait la lecture de ces versets, tirés du livre du prophète Isaïe, Jésus annonce que ces paroles sont désormais réalité… Mais curieusement les auditeurs se mirent tellement en colère qu’ils cherchèrent à le tuer. Pourquoi ? Parce que à leurs yeux « l’oint du Seigneur » devra venir en gloire et non pas comme ce « simple » fils du pays qui prétend être envoyé par l’Éternel Dieu avec le ministère de s’occuper des captifs, des aveugles et des opprimés.
Mais pour éviter aux auditeurs de conclure que l’envoyé de Dieu viendrait guérir les malades, soulager les infirmes, secourir les handicapés, Jésus leur rappelle que le prophète Élie ne secourut qu’une seule veuve en Israël, et le prophète Élisée qu’un seul lépreux : Naaman venu de Syrie. Lui, Jésus-Christ, avait pour mission première d’annoncer la bonne nouvelle du royaume de Dieu : la justice, la paix et la joie, et montrer par sa vie comment y parvenir par le renoncement à tout, même à sa propre vie.
N'allez pas croire que je sois venu abolir la Loi ou les Prophètes : je ne suis pas venu abolir, mais accomplir. (Matthieu 5, 17)
Le bien-être dont jouit aujourd’hui l’humanité est le résultat d’une mise en pratique (consciente ou non) des commandements de Dieu et de l’Évangile de Christ. Leurs messages incitatifs sont à l’origine de toutes ces institutions sociales qui de nos jours s’occupent intensément des besoins physiques et matériels de l’humanité. Dans beaucoup de pays, les centres de soins que sont les hôpitaux, hospices, maisons pour personnes âgées, dispensaires, banques alimentaires, etc. font souvent référence à des noms bibliques.
Dans cet épisode de la synagogue de Nazareth, Jésus a montré qu’il n’était ni un guérisseur ni un révolutionnaire venu renverser l’ordre établi, mais l‘envoyé de Dieu venu panser les cœurs brisés et apporter la bonne nouvelle du Royaume des cieux ; comme précurseur des disciples montrer ce que signifie donner sa vie, montrer la différence entre « être » et « paraître ».
Que celui qui voudra devenir grand parmi vous, sera votre serviteur, et celui qui voudra être le premier d'entre vous, sera votre esclave. C'est ainsi que le Fils de l'homme n'est pas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour une multitude. (Matthieu 20, 26-28)
Bien des croyants zélés (des pasteurs par leurs sermons, des membres par leurs témoignages) prétendent servir Dieu, dans et hors de leurs églises réciproques, mais ils n’ont ni l’autorité ni la puissance ni le soutient de l’Esprit de Christ. Ils interprètent les paroles des Écritures de manière à rassurer leurs ouailles et attirer et envoûter, si possible, ceux qui les adulent. Ce n’est pas le Seigneur qui les a choisi mais un conseil d’église - formé de dirigeants, d’anciens et de personnes influentes - qui les envoie travailler à l’expansion du mouvement et subvenir à ses multiples besoins financiers. Les levées de fonds se font cérémonieusement, au nom du Seigneur, précédés de cette incitation :
Que chacun donne selon ce qu'il a décidé dans son cœur, non d'une manière chagrine ou contrainte ; car Dieu aime celui qui donne avec joie. (2 Corinthiens 9, 7)
Peu importe que les donateurs soient des croyants, des sympathisants ou des badauds. L’argent n’a pas d’odeur. Beaucoup des prédicateurs font de la Piété leur source de gains et collaborent à l'édification d'un empire confessionnel avec ces règles et prescriptions qui se veut être la « vraie » église visible, reconnue et présente partout dans le monde. Pour gagner le plus possible d’adhérents, on organise des « réunions de réveil » inspirées des spectacles Hollywoodiens avec une mise en œuvre des dernières trouvailles techniques et des gadgets électroniques qui submerge l’auditoire avec une avalanche de lumières, d’images et de sons. Comme ces manifestations sont incapables d’affranchir de l’esclavage du péché ceux qui cherchent en être libérés, les animateurs les rassurent que l’amour de Dieu, le moment venu, pansera le cœur brisé et libérera l’âme de tout ce qui l’opprime, fatigue et oppresse. Ces prédicateurs ne se préoccupent que de ce qui est grands aux yeux des hommes. Plus grand sont les rassemblement, plus ils sont à l’aise. Eux-mêmes n’ont jamais été affranchis de l’amour de l’argent et du désir de recevoir les faveurs et les honneurs des hommes.
Ils transforment « le salut par grâce », que nous sommes invités à mettre en œuvre avec crainte et tremblement (Philippiens 2, 12), en une fausse grâce, affirmant que Jésus Christ a tout fait pour que les membres (surtout les enfants nés dans leur église) soient assurés d’être accueillis avec bienveillance dans le Royaume des cieux - même s’ils ne se sont jamais convertis ni repentis et n’ont jamais été transférés des ténèbres à la lumière par la nouvelle naissance d’eau et d’Esprit. (Jean 3, 5)
Ceux qui n’apprécient pas cette « autre évangile » craignent souvent de l’affirmer ouvertement. Ils ressentent les nouvelles pratiques et règles comme oppressives et démesurés. Mais par crainte d'être considérés comme des infidèles, d’être réprouvés, voire bannis de la communauté, ils se taisent. L’appréhension d'être mis en quarantaine par leurs propres amis est une pression trop puissante. Ils n’ont pas le courage à se tenir seul devant Dieu, comme Daniel en son temps, et négligent l’encouragement de Jésus qui dit :
Si deux d'entre vous, sur la terre, unissent leurs voix pour demander quoi que ce soit, cela leur sera accordé par mon Père qui est aux cieux. Que deux ou trois, en effet, soient réunis en mon nom, je suis là au milieu d'eux. (Matthieu 18, 19-20)
Nous ne pouvons découvrir nos insuffisances qu’en rapport avec l’amour du Christ qui donna sa vie afin de nous faire revivre en lui. Ce ne sont pas les activités choisies par nous-mêmes au profit d’une contrée, d’un centre de soins, d’une église ou d’une famille qui nous justifierons le jour où nous nous tiendrons devant le juste Juge. (1 Pierre 1, 17) Ce sont les commandements de la Loi qui font évoluer « le vivre ensemble » des humains ; mais c’est la grâce en Jésus-Christ qui transforme l’homme « intérieur » et lui permet de vivre en nouveauté de vie.
Les capacités et les forces humaines sont clairement limitées dans le temps. Il y a eu, et il y aura encore, des hommes et des femmes emprisonnés, torturés, handicapés, malades… même des gens qui mettent fin à leurs jours. Cependant, toutes les circonstances de la vie ne sont pour un disciple de Christ que le prélude à la félicité dans l'au-delà éternel. Ni tribulations, angoisses, persécutions, faim, nudité, péril, épée ne peuvent le séparer de l’amour de Dieu ni anéantir son espérance. (cf. Romains 8, 35-39 Que de fidèles ont quitté cette terre (quelquefois en Martyrs) avec la certitude et l’assurance d’avoir accompli jusqu’au bout leur mission. A nous de poursuivre maintenant la vie dans la foi, l’espérance et l’amour, en faisant nôtre se témoignage de Paul :
Je n'attache aucun prix à ma propre vie, pourvu que je mène à bonne fin ma course et le ministère que j'ai reçu du Seigneur Jésus : rendre témoignage à l'Évangile de la grâce de Dieu. (Actes 20, 24)