Christ manifesté dans la chair

Bien-aimés, ne vous fiez pas à tout esprit, mais éprouvez les esprits pour voir s'ils viennent de Dieu, car beaucoup de faux prophètes sont venus dans le monde. A ceci reconnaissez l'esprit de Dieu : tout esprit qui confesse Jésus Christ venu dans la chair est de Dieu ; et tout esprit qui ne confesse pas Jésus n'est pas de Dieu ; c'est là l'esprit de l'Antéchrist. (1 Jean 4, 1-3)
Pour achever son œuvre parmi les hommes, Jésus-Christ s’exprime toujours de la même façon que lorsqu’il a vécu sur terre comme envoyé de Dieu : Il se manifeste « dans la chair ». Ce n'est pas le corps de chair et de sang de Jésus qui vînt des cieux, mais son esprit. Si par son corps, hérité de sa mère, Jésus-Christ appartenait à la postérité de David, il relevait par son esprit de la nature divine de son Père céleste. En faisant cohabiter l’Esprit divin - l’Esprit Saint - dans la chair de l’homme, Dieu créa en Jésus un second Adam : l’initiateur d’une nouvelle lignée dont les enfants auront pour mission, comme les descendants du premier Adam, d’accomplir ce divin précepte :
Soyez féconds, multipliez, emplissez la terre et soumettez-la; dominez sur les poissons de la mer, les oiseaux du ciel et tous les animaux qui rampent sur la terre. (Genèse 1, 28)
En tant que premier de cette nouvelle lignée, Jésus-Christ n’est pas uniquement le « Fils du Très-Haut » mais bien plus : « l'aîné d'une multitude de frères ». (Romains 8, 29). Cette expression apostolique souligne clairement que beaucoup d’humains naîtrons sur cette terre qui seront, grâce à la l'oeuvre féconde de l’Esprit Saint, des frères de Jésus-Christ, c’est-à-dire : d’autres fils de Dieu. Pour expliquer cette filiation aux gens qui le suivaient, Jésus commença par leur dire :
Ce n'est pas Moïse qui vous a donné le pain qui vient du ciel ; mais c'est mon Père qui vous le donne, le pain qui vient du ciel, le vrai ; car le pain de Dieu, c'est celui qui descend du ciel et donne la vie au monde. (Jean 6, 32-33)
Et puis, il rend ce témoignage extraordinaire à tous ceux qui n’hésitaient pas à lui demander de leur donner « toujours ce pain-là » :
Je suis le pain de vie. Qui vient à moi n'aura jamais faim ; qui croit en moi n'aura jamais soif… car je suis descendu du ciel pour faire non pas ma volonté, mais la volonté de celui qui m'a envoyé. (Jean 6, 35-38)
Comme les Juifs qui l’entouraient ne comprirent pas son langage, ils murmuraient et disaient :
Celui-là n'est-il pas Jésus, le fils de Joseph, dont nous connaissons le père et la mère ? Comment peut-il dire maintenant : Je suis descendu du ciel ? (Jean 6, 42)
Du fait que ce fils de Joseph, ne se distinguait pas des autres hommes extérieurement, les gens instruits comme les scribes et les pharisiens ne voyaient en lui qu’un imposteur prétendant être descendu du ciel ; un blasphémateur qui, en appelant l’Éternel Dieu son Père, se voulait l'égal de Dieu.
Manifestement les gens religieux ne connaissaient Jésus-Christ pas autrement que ceux des croyants de nos jours pour qui Jésus-Christ n’est rien d’autre qu'un prophète, un philosophe, un révolutionnaire ou le fondateur d’une des grandes religions de ce monde. Mais justement, Jésus-Christ ne se comportait pas comme les autres humains qui, croyants ou non, sont tous nés par une naissance naturelle, d’un vouloir de chair. Il était le premier homme en qui l'Esprit de Dieu s’est personnifié en s’incarnant dans la chair. Cette différence est fondamentale et si importante que l’apôtre Jean déclare que tout esprit qui ne confesse pas « Jésus-Christ venu dans la chair » n’est pas de Dieu mais de l’antéchrist.
En révélant être le vrai pain du ciel, Jésus ne parle évidemment pas de sa nature humaine, mais de l’Esprit qui l’habitait. C'est l'Esprit-Saint descendu du ciel qui est le pain qui donne la vie au monde de vie ! C’est pourquoi Jésus pouvait dire :
Ma nourriture est de faire la volonté de celui qui m'a envoyé et de mener son œuvre à bonne fin. (Jean 4, 34)
Lors de la Pentecôte, Dieu a répandu le même Esprit sur terre pour qu’il établisse sa demeure en l’homme : « en toute chair ». Cependant, l’Esprit Saint ne contraint jamais personne : il n’établit sa demeure uniquement en ceux qui l’accueillent et s’attendent à lui. Cette opération spirituelle se réalise alors de la même façon que la naissance de Jésus : sans le vouloir de chair. Pour devenir un enfant de Dieu, un frère de Jésus, il n’y a pas d’autres moyens que de naître de nouveau d’eau et d’Esprit. Ainsi il advient que :
Le sanctificateur et les sanctifiés ont tous même origine. C'est pourquoi il ne rougit pas de les nommer frères, quand il dit : J'annoncerai ton nom à mes frères. Je te chanterai au milieu de l'assemblée. (Hébreux 2, 11-12)
Certes, il y aura toujours une différence essentielle entre nous et le Seigneur Jésus-Christ. Car avant de naître sur terre l’homme n'a pas d'existence. De ce fait il est incapable de « voir le royaume de Dieu » sans naître d'en haut, sans naître de nouveau d’eau et d’Esprit. Jésus-Christ a un statut différent de l’homme naturel : Son existence n’a pas commencée avec sa naissance à Bethléem mais remonte aux jours antiques : à l’Éternité.
Et toi, Bethléem Ephrata, le moindre des clans de Juda, c'est de toi que me naîtra celui qui doit régner sur Israël; ses origines remontent au temps jadis, aux jours antiques. (Michée 5, 2)
Avant de venir sur terre Christ était de toute éternité « le Fils unique » de Dieu. Mais après sa naissance dans la chair de la postérité de David, il est devenu « l'aîné d'une multitude de frères ». Des frères qui ont part au même Esprit qui a engendré Jésus. Bien qu’ils ne soient pas des « fils uniques », ils sont néanmoins des fils de Dieu au second degré, des frères cadets de Christ et des cohéritiers avec lui.
Et puisque le pain véritable est l'Esprit vivifiant du Christ qui provient du ciel, tous les efforts charnels et terrestres restent impuissants à procurer aux hommes la vie éternelle. C’est ce que Jésus rappelle en disant :
C'est l'Esprit qui vivifie ; la chair ne sert à rien. Les paroles que je vous ai dites sont Esprit et vie. (Jean 6, 63)
C'est pourquoi la gloire et la puissance n'appartiennent jamais aux hommes mais à Dieu qui accorde la vie éternelle en Jésus-Christ à qui Il veut.

K. Woerlen (publié le 25 avril 2019)