Au delà la vie
le 15 avril 2014
Aucun homme n’est maître du souffle pour retenir ce souffle ; personne n’est maître du jour de la mort. (Ecclésiaste 8, 8)
Il n’est pas nécessaire que nous attendions le terme de la vie terrestre pour comprendre qu’elle ne nous appartient pas. Nos jours sont comptés, ils s’égrainent malgré nous et l’avenir échappe à notre volonté. La mort oeuvre continuellement en nous et nous oblige à faire le deuil sur ce qui s’use ou disparaît. Toutes nos pertes illustrent notre incapacité à maîtriser l’avenir.
Seule la foi en Jésus-Christ donne sens à notre vie et nous permet de gérer la lente dégradation du corps et d’en accepter les effets douloureux. Bien qu’incapable à modifier le cours du destin, nous pouvons nous réjouir en espérance, sachant « qu’il nous faut passer par bien des tribulations pour entrer dans le Royaume de Dieu » (Actes 14,21). Même relégué aux oubliettes d’une génération en devenir qui ne rêve que de ce qui est « jeune, riche et beau », il n’y a pas lieu de perdre courage.
Depuis qu’Adam apprit qu’il doit mourir, les hommes savent que « la fin de vie » est ce moment où leur existence perd tout son sens parce que tout se consume. Ils s’en suivent des circonstances douloureuses où il est bon d’attendre dans la prière la délivrance en louant Dieu comme Anne qui ne quittait plus le temple (Luc 2,36-38). Alors, quand il n’est plus possible de quitter la chaise ou le lit de douleur, attachons-nous de contempler, comme dans un miroir, la gloire du Seigneur dont l’Esprit continue à nous transformer en son image de gloire en gloire (2 Corinthiens 3,18).
Ne perdons pas nos pensées dans le passé, mais ayons foi pour sauver notre âme (Hébreux 10,39) en étant transformés à travers les pertes successives des choses vaines. Chaque jour est un don de grâce qui nous permet encore d’apprendre à obéir et à dire : « Comme tu voudras ». Car si nous sommes toujours en vie c’est que Dieu juge que « tout n’est pas encore accomplie », que nous pouvons encore mieux le connaître et aimer.
Même lorsque les forces nous abandonnent, nous pouvons au milieu des souffrances contribuer au bien de ceux qui nous entourent. Car plus nous avons confiance, plus la grâce se multiplie et fait abonder l’action de grâces chez un plus grand nombre (2 Corinthiens 4,15). L’Esprit que Dieu nous a donné est à la foi le garant et l’avant-goût de notre merveilleux héritage à venir.
Quand même le Seigneur nous dit : « Je connais ta conduite, tes labeurs et ta constance ; je le sais, tu ne peux souffrir les méchants… » (Apocalypse 2,2), il attend que nous vainquions aussi le dernier ennemi : la mort. Ne craignons pas de la regarder en face ! Et comme Christ nous associe à sa plénitude (Colossiens 2,10) n’abandonnons pas notre assurance lorsque ce cortège inévitable et douloureux des diminutions, des séparations et abandons se fait sentir dans notre corps.
Et lorsqu’il se déroule sous nos yeux chez ceux qui nous sont proches, faisons-leur sentir l’amour de Dieu qui rempli nos cœurs en leur tendant une main d’amitié, de reconnaissance, de consolation et de confiance. Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses frères. Et cela peut être la manière dont nous aidons les plus fragiles à ne pas abandonner cette ferme assurance à laquelle est promise une si grande récompense (Hébreux 10,35).