Nous avons contemplé sa gloire

La parole [de Dieu] a été faite chair, et elle a habité parmi nous, et nous avons contemplé sa gloire, gloire qu'il tient de son Père comme Fils unique, plein de grâce et de vérité. (Jean 1, 14)
Grâce à Jésus Christ, la gloire de Dieu vint dans la chair et habita pleine de grâce et de vérité corporellement parmi les hommes. Et grâce à sa résurrection d'entre les morts, la Parole de Dieu peut aussi devenir chair en nous, grâce à l'Esprit Saint qui répand l'amour de Dieu dans les cœurs. Et si nous avons part à cette grâce, nous pouvons aussi nous glorifier de l'espérance de la gloire de Dieu à venir.
Que dis-je ? Nous nous glorifions encore des tribulations, sachant bien que la tribulation produit la constance, la constance une vertu éprouvée, la vertu éprouvée l'espérance. Et l'espérance ne déçoit point, parce que l'amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par le Saint Esprit qui nous fut donné. (Romains 5, 3-5)
Notre vie est bénie et glorieux dans la mesure où nous avons communion avec Dieu et sa Parole. A quoi bon prier Dieu de nous bénir quand nous abhorrent les tribulations ? Comment peut-on croire que le Saint-Esprit œuvre en ceux qui se comportent comme des incroyants ? Qui sont ces chrétiens qui n’ont jamais appris à obéir au Saint-Esprit et à se laisser conduire par la vérité jusqu’à la perfection ? Jésus exprime cela par une métaphore :
En vérité, en vérité, je vous le dis, si vous ne mangez la chair du Fils de l'homme et ne buvez son sang, vous n'aurez pas la vie en vous. Qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle et je le ressusciterai au dernier jour. (Jean 6, 53-54)
« Manger la chair et boire le sang » sonnait si barbare et incompréhensible que beaucoup de disciples quittèrent Jésus. Il y en eut tellement que Jésus demanda aux douze qui restèrent : Voulez-vous partir vous aussi ?  A quoi Simon Pierre répondit :
Seigneur, à qui irons-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle. Nous, nous croyons, et nous avons reconnu que tu es le Saint de Dieu. (Jean 6, 68-69)
Ces douze comprirent que « manger la chair et boire le sang » n’est pas à prendre à la lettre, mais que cela signifie : faire dans la vie quotidienne ce que Jésus, comme précurseur, enjoint aux disciples de faire pour partager l’héritage divin avec lui. Peu de temps avant, Jésus avait expliqué aux disciples sa véritable mission :
Ma nourriture est de faire la volonté de celui qui m'a envoyé et de mener son œuvre à bonne fin. (Jean 4, 34)
Tout développement nécessite une nourriture et du temps, beaucoup de temps, de patience et de constance. Sans nourriture spirituelle, sans faire la volonté de Dieu de sorte qu’elle devienne chair dans les tentations, nous ne pouvons nous développer ni partager la gloire du Christ.
Puisque tu as gardé ma consigne de constance, à mon tour je te garderai de l'heure de l'épreuve qui va fondre sur le monde entier pour éprouver les habitants de la terre. (Apocalypse 3, 10)
Nous devons prendre au sérieux l'exhortation d'être constant à l'heure de l’épreuve. Cela s’apprend, être constant, fidèle et patient dans la tentation. Mais que veut dire être patient ? Patienter signifie attendre, attendre et attendre ! Combien de temps ? Constamment ! Être entièrement patient signifie donc attendre jusqu’au bout sans murmure ni hésitation.
Que la constance s'accompagne d'une œuvre parfaite, afin que vous soyez parfaits, irréprochables, ne laissant rien à désirer. (Jacques 1, 4)
Nous pouvons prier pour plus de constance, d'amour et de joie. Mais nous n'en obtenons pas davantage si nous n'employons pas d'abord ce qui nous a été confié. Si nous sommes fidèles à donner, Dieu nous confiera davantage. Donner procure des bénédictions et communions. C’est ce que l’apôtre Paul confirme en disant :
Il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir. (Actes 20, 35)
Donner engendre de la communion. Dans la mesure où nous donnons et nous donnons nous-mêmes se forme une communauté harmonieuse. Les membres apprennent à être utiles à tout le corps. La communauté reflète ainsi le corps de Christ. Aussi est-il très important que nous soyons nourris avec la parole de Dieu et non avec toutes sortes de doctrines étrangères. Sans une alimentation saine qui affermit le cœur, il n’y a pas de véritable croissance spirituelle. D'où cette exhortation apostolique:
Ne vous laissez pas égarer par des doctrines diverses et étrangères : car il est bon que le cœur soit affermi par la grâce, non par des aliments qui n'ont été d'aucun profit à ceux qui en usèrent. Nous avons un autel dont les desservants de la Tente n'ont pas le droit de se nourrir. (Hébreux 13, 9-10)
Qui par la grâce de Dieu et une alimentation spirituelles saines croit jusqu'à l'âge adulte, est aussi capable de nourrir correctement les âmes qui lui sont confiées. Par la grâce de Dieu, l'apôtre Paul fût ce qu'il était. Il aimait la vérité et avait tant d'amour, de patience, de justice et de foi qu'il pouvait exhorter tout le monde:
Montrez-vous mes imitateurs, comme je le suis moi-même du Christ. (1 Corinthiens 11, 1)
Les serviteurs de Dieu utiles ne brillent pas par leur éloquence, mais par les vertus du Christ, le fruit de l'Esprit. Ce n’est pas l'éloquence qui mène à l’unité et à la croissance des communautés, mais la nourriture spirituelle qu’apportent les serviteurs qui d’abord ont appris à faire eux-mêmes ce qu’ils disent et enseignent aux autres. Lorsque ni la paix ni l'unité règnent dans une communauté, on sait qu’elle n’a pas été nourrie convenablement avec la Parole de Dieu. La croissance vers la perfection est un long développement sur le chemin étroit qui mène à la vie. Jésus montre sous quelles conditions nous avançons sur cette voie royale :
Si quelqu'un veut venir à ma suite, qu'il se renie lui-même, qu'il se charge de sa croix chaque jour, et qu'il me suive. (Luc 9, 23)
Bien que seul le chemin de croix conduit à la gloire, il n’est plus guère mentionné dans les églises et assemblées. Certaines communautés organisent des chemins de croix symboliques, d’autres ont des services de louange et d'action de grâces où ils exaltent la grandeur et l'omnipotence de Dieu avec leurs lèvres, et battent des mains dans l’espoir que Dieu exhausse leurs demandes. Ah, si notre croissance spirituelle ne dépendait que de Dieu, nous serions accomplis en un instant. Mais maintenant il nous appartient de surmonter les œuvres du corps sous la direction du Saint-Esprit. Et cela nous l’apprenons dans les traces que Christ a laissées en nous précédant avec douceur et humilité.
Et tout homme qui a cette espérance en lui se purifie, comme lui-même est pur. (1 Jean 3, 3)
Se purifier signifie penser et agir de manière à être transformés en l’image de Christ en allant de gloire en gloire, comme de par le Seigneur, qui est l'Esprit. (2 Corinthiens 3, 18). L'Esprit Saint éclaire ce qui est faux, défectueux et imparfait dans ce que nous faisons (les œuvres du corps) et nous donne l'occasion d'améliorer ce qui est Bien, de corriger ce qui est imparfait, purifier ce qui est déficient et éliminer (faire mourir) ce qui est néfaste, le Mal.
Plus nous sommes intéressés à découvrir ce que nous faisons imparfaitement, mieux nous pouvons nous en purifier et révéler les vertus Christ. La gloire de Dieu - ou ressembler à Christ - ne vient pas comme par magie, mais par la fidélité et l’obéissance quotidienne avec laquelle nous tendons vers le but de la vocation céleste.

K. Woerlen (publié le 5 mars 2021)