Fléchir les genoux devant le Père

A cause de cela, je fléchis les genoux devant le Père, de qui toute famille dans les cieux et sur la terre tire son nom. (Éphésiens 3, 14-15)
Ce n'est pas pour ceux qui vivent dans le péché que nous devons fléchir nos genoux, mais pour les frères et sœurs saints et fidèles. Retenu dans une geôle comme « prisonnier de Christ », Paul avait à cœur de prier pour ceux qui s'étaient convertis par son ministère. Devant la grandeur de la révélation du mystère de Christ, à savoir : la possibilité donnée à l’homme d’être transformé par le souffle de l’Esprit de vie en un enfant de Dieu, il fléchissait ses genoux devant Dieu le Père avec un cœur rempli d'adoration.
Si nous pouvons appeler Dieu « notre Père » ce n’est pas pour être nés sur terre, mais à cause du salut qui nous est offert dans son Fils, Jésus-Christ. L’homme né du sang et d’un vouloir de chair ne peut s'approcher de Dieu, comme d'un Père, avant d’accueillir le Christ et lui obéir. C’est à ceux qui lui font confiance que Christ accorde le privilège de devenir des enfants de Dieu nés d’eau et d’Esprit. Peu importe leur race et leur sang, c’est Dieu lui-même qui les fait naître de nouveau à travers le baptême dans le Christ Jésus. Et pourquoi en Jésus Christ ? Parce que c’est dans le baptême en sa mort que l'homme cesse d’être asservis au péché pour vivre une vie nouvelle. (Romains 6, 4)
Par Christ les uns et les autres nous avons accès auprès du Père, dans un même Esprit. (Éphésiens 2, 18)
S’approcher de l’Éternel Dieu comme d'un Père qui nous aime, comme il a aimé Jésus-Christ son Fils (Jean 17, 23), est le couronnement de notre foi. Dieu demeure au-delà du temps et de l’espace, au-delà de ce qui est terrestre et de ce qui est céleste, au-delà  de l'incorruptibilité et de la corruption, au-delà de l’abîme infranchissable qui sépare les ténèbres de la lumière. (cf. 1 Corinthiens 15, 50) Dans sa sagesse, Dieu offre aux hommes qui ploient sous leur fardeau un médiateur habilité à leur faire franchir cet abîme : Jésus-Christ qui invite :
Venez à moi, vous tous qui peinez et ployez sous le fardeau, et moi je vous soulagerai. Chargez-vous de mon joug et mettez-vous à mon école, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez soulagement pour vos âmes. Oui, mon joug est aisé et mon fardeau léger. (Matthieu 11, 28-30)
Ceux qui se renoncent pour suivre Jésus Christ et se mettre à sont école de vie, trouveront du repos et renaîtront à une vie nouvelle comme enfants de Dieu et frères de Christ. Mais pourquoi faut-il naître de nouveau ? Parce que nul ne peut participer à la nature divine sans que « le corps du péché » ne soit réduit à l’impuissance par le bain de la régénération et le renouvellement du Saint-Esprit et que l'homme intérieur ne soit régénéré et ressuscité pour une vie nouvelle et parfaite. C'est ce que Jésus confirme à Nicodème en lui disant :
Ce qui est né de la chair est chair, et ce qui est né de l'Esprit est esprit. (Jean 3, 6)
Nés de nouveau, nous devenons des citoyens du ciel, des membres du corps de Christ de qui toute famille dans les cieux et sur la terre tire son nom. C'est cela « la bonté de Dieu notre Sauveur et son amour manifestés envers les hommes ». (Tite 3, 4-5) Elle nous approche de lui bien plus près que ne l'était Adam dans le jardin d’Éden. « Maintenant », nous vivons à la mesure du grand honneur d'être des frères et sœurs de Christ qui partage avec nous sa sagesse, sa justice et sa sainteté. Nous vivons dans la foi en nous abstenant de tout ce qui pourrait assombrir la communion fraternelle en raison de nos origines et différences humaines. Nous nous reconnaissons mutuellement grâce à la nostalgie pour la patrie céleste et par l’édification mutuelle qui nous stimule à mieux nous aimer et à faire du bien autour de nous.
Ce monde devient si étranger que nous sommes bien embarrassés : rester sur terre à cause des autres ou la quitter pour être avec Christ ? (Philippiens 1, 23-25) Ce qui serait préférable à cause des nombreuses tentations auxquelles nous sommes exposés, car lorsque nous leur cédons, elles engendrent le péché et peuvent remettre en cause le salut. C’est pourquoi :
Nous devons d'autant plus nous attacher aux choses que nous avons entendues, de peur que nous ne soyons emportés loin d'elle. (Hébreux 2, 1)
Certes, Jésus-Christ fait tout pour fortifier notre homme intérieur et lui permettre de résister aux tentations. Il est même prêt à intervenir comme avocat auprès du Père pour nous faire retrouver l'état de grâce, lorsque les erreurs dues à un manque de vigilance nous causent une tristesse à salut. (1 Jean 2, 1) Quand même l’ennemi est puissant, nous savons que les anges au service de Dieu sont bien plus nombreux et efficaces que les puissances ennemies. C’est avec leur aide que Dieu fait concourir toutes choses au bien de ceux qui l’aiment. (Romains 8, 28)
Cette sollicitude paternelle explique pourquoi Satan ne cesse de persécuter particulièrement ceux qui travaillent pour le salut des âmes. Avec ses alliés, recrutés notamment parmi les incrédules, il fait tout pour nuire aux saints. A cela s’ajoute que bien des croyants, ignorants des desseins de Dieu, perçoivent leurs souffrances comme une injustice… Souffrances que les non croyants imputent généralement à quelques péchés cachés. Il n'y a que ceux qui plongent leurs regards dans le mystère de Christ qui savent que Christ,
Tout Fils qu’il était, apprit de ce qu’il souffrit, l’obéissance ; après avoir été rendu parfait, il est devenu pour tous ceux qui lui obéissent principe de salut éternel. (Hébreux 5, 8-9)
Les saints et fidèles entrevoient ainsi la position glorieuse du Fils de Dieu et commencent à l'imiter. Ce faisant, ils comprennent aussi à quel point les gens religieux sont arrogants pour appeler Dieu leur père comme s'il était le père des pécheurs.
Dieu confie à ses enfants le soin d'annoncer l’Évangile et de révéler le mystère de Christ à « toute famille dans les cieux et sur la terre » pour contrer le diable qui prêche que l’homme est bon naturellement. Des antéchrists ont commencé très tôt à falsifier l’Évangile et à dissimuler aux croyants les clefs du royaume des cieux. Pour retrouver ces clefs, il faut recourir à Jésus-Christ, le souverain berger des âmes qui n'a pas hésité à laisser quatre vingt dix-neuf brebis en sécurité dans les lieux célestes pour chercher sur terre la brebis perdue : l’Église. (Matthieu 18, 11-13)
Quand un grand s’abaisse vers un petit on trouve cela extraordinaire. Mais quand Dieu s’abaisse jusqu’aux pécheurs on reste aussi indifférent que les descendants d’Abraham, d’Isaac et de Jacob qui devenaient si désobéissants que Dieu dit :
J'ai élevé des enfants, je les ai fait grandir, mais ils se sont révoltés contre moi. Le bœuf connaît son possesseur, et l'âne la crèche de son maître, Israël ne connaît pas, mon peuple ne comprend pas… Ils ont abandonné Yahvé, ils ont méprisé le Saint d'Israël, ils se sont détournés de lui. (Isaïe 1, 2-4)
Bien des croyants désobéissants cherchent à apaiser leur conscience en offrant à Dieu « des cultes d’adorations » comme s'ils étaient ses enfants et non des enfants du diable. Ils rêvent de l'héritage de Dieu tout en méprisant le salut offert en Christ. Quel blasphème ! Heureusement notre vie est cachée en Christ, sinon les incrédules envieux nous la voleraient. Mais comme cette vie est intérieure, ils ne peuvent en apercevoir que l'espérance de la gloire pour laquelle les enfants de Dieu ont renoncé à tout.

K. Woerlen (publié le 15 octobre 2018)