De la vie chrétienne

Si quelqu'un vient à moi sans haïr son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères, ses sœurs, et jusqu'à sa propre vie, il ne peut être mon disciple. Quiconque ne porte pas sa croix et ne vient pas derrière moi ne peut être mon disciple. [...] Ainsi donc, quiconque parmi vous ne renonce pas à tous ses biens ne peut être mon disciple. (cf. Luc 14, 26-33)
Ces paroles que Jésus adresse à la foule qui marchait avec lui expriment les conditions générales à satisfaire pour être admis à son école comme disciples, c’est-à-dire : comme des élèves ou apprentis. Le renoncement est le fondement de la vie chrétienne. Et comme cela signifie qu’il n’y a que peu de gens qui désirent tout renoncer pour être sauvés, Jésus précise :
Efforcez-vous d'entrer par la porte étroite. Car je vous le dis, beaucoup chercheront à entrer, et ne le pourront pas. (Luc 13, 24)
La porte donne accès au chemin resserré qui mène à la vie - à l’école de Christ. Elle est si étroite que peu seulement la trouvent, sont prêts à tout renoncer et s’y engager. Profiter de la vie, prendre du bon temps, être heureux, n’est-ce pas le rêve de beaucoup ? Que d’efforts ne sont pas faits pour trouver le bonheur ! Pourtant, les déceptions sont nombreuses ! Et après une longue vie il y a des riches qui, devenus sages, avouent leur frustration :
Et bien, tout est vanité et poursuite de vent, il n’y a pas de profit sous le soleil. (Ecclésiaste 2, 11)
Est-ce que tout est réellement vain ? Pas nécessairement ! La solution consiste à craindre Dieu et observer ses commandements. Lui faire confiance comme Jésus nous exhorte :
Que votre cœur cesse de se troubler ! Croyez en Dieu, croyez aussi en moi. (Jean 14, 1)
Pourtant, un jeune homme riche qui observait scrupuleusement les commandements ne savait pas comment gagner le vie éternelle - autrement dit : trouver le vrai bonheur. Comme beaucoup en son temps, il croyait en Dieu, mais ne connu Jésus-Christ que lorsque celui-ci lui révéla le secret du bonheur : renoncer à tous ses biens et le suivre. D’où cette invitation :
Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et chargés, et je vous donnerai du repos. Prenez mon joug sur vous et recevez mes instructions, car je suis doux et humble de cœur ; et vous trouverez du repos pour vos âmes. (Matthieu 11, 28-29).
Nous pouvons venir à Jésus-Christ sans crainte d’être trompés, car il est doux et humble de cœur et son joug est aisé et son fardeau léger. La douceur (la non violence) et l’humilité sont des vertus que nous apprenons auprès de lui à semer dans ce monde de violence. Lorsque nous « faisons ce que nous disons », les paroles de Christ suscite en ceux qui sont « fatigués et chargés » cette foi vivante sans laquelle il est impossible de plaire à Dieu.
La porte étroite est aussi une image du baptême. Le baptême en la mort de Christ où les croyants meurent avec Christ pour ressusciter et revivre comme lui. (cf. Romains 6, 1-8) Lorsque le baptême ne se réduit pas à un simple rituel religieux, le baptisé renaît d’eau et d’Esprit et peut alors, en connaissance de cause, témoigner avec l’apôtre :
Je suis crucifié avec le Christ ; et ce n’est plus moi qui vis, mais le Christ qui vit en moi. Ma vie présente dans la chair, je la vis dans la foi au Fils de Dieu qui m’a aimé et s’est livré pour moi. (Galates 2, 20)
Derrière la porte étroite commence l’apprentissage de l’obéissance dans l'école du Seigneur. Le voile de la religiosité y est ôté et les yeux s’ouvrent sur la beauté du salut et de la liberté en Christ.
Lorsque les cœurs se convertissent au Seigneur, le voile est ôté. Or le Seigneur c'est l'Esprit ; et là où est l'Esprit du Seigneur, là est la liberté. Nous tous qui, le visage découvert, contemplons comme dans un miroir la gloire du Seigneur, nous sommes transformés en la même image, de gloire en gloire, comme par le Seigneur l'Esprit. (2 Corinthiens 3, 15-18)
L’Esprit du Seigneur est le professeur principal de cette école. Son enseignement conduit les élèves dans toute la vérité, les éduque et les transforme en son image de gloire en gloire. Ainsi ils deviennent des lumières dans ce monde qui manifestent le même amour, la même vertu, douceur et humilité que Christ. En marchant dans ses traces, nous apprenons de lui comment faire en toute chose la volonté de Dieu et :
A marcher d'une manière digne de la vocation qui nous a été adressée, en toute humilité et douceur ! (Éphésiens 4, 1-2)
Les circonstances de la vie de tous les jours nous offrent les occasions de mettre en pratique la Parole de Dieu. C’est le « faire » et non le « dire » qui influence ceux qui nous entourent, notamment nos enfants. Tôt ou tard, les uns et les autres comprendront mieux ceux qui les ont précédés, aussi leurs parents, et vont imiter ce qu’ils ont vu et entendu d’eux. Toutefois, les plus magnifiques exemples et promesses ne servent que lorsque nous leur prêtons foi.
La parole qui leur fut annoncée ne leur servit de rien, parce qu'elle ne trouva pas de foi chez ceux qui l'entendirent. (Hébreux 4, 2)
La foi reste un mystère. Jésus demanda aux disciples, saisis de frayeurs sous une violente tornade : « Où est votre foi ? » Une autre fois, il se demanda même si le Fils de l’homme trouvera encore de la foi lorsqu’il reviendra sur terre. (Luc 18, 8) Certes, ce n’est pas de la foi en l'existence de Dieu dont il est question, mais de la foi en la surabondante puissance de l’Esprit qui, répandu dans les cœurs, procure en toute circonstance la victoire sur le péché et transforme les saints et fidèles en l’image de Christ. Dès lors, il n’est plus nécessaire d’être défaite, inquiète et perdre espoir que les promesses de Dieu se réalisent dans notre vie.
Grâce soit rendu à Dieu, qui nous fait toujours triompher en Christ. (2 Corinthiens 2, 14)
Un seul cherche à égarer les fidèles : Satan, nommé aussi l’accusateur. (Apocalypse 12, 10) C’est l’accusateur par excellence ! Accuser est diabolique et méchant ! Toutes les accusations proviennent de Satan et ses serviteurs. Même si elles contiennent des faits réels, elles ne sont faites que pour nuire et abaisser l’accusé. Qui prête foi à des accusations se détourne de Dieu qui, lui, n’accuse jamais mais se tient toujours au côté des victimes. D’où cette exhortation :
Soumettez-vous à Dieu ; résistez au diable, et il fuira loin de vous ! (Jacques 4, 7)
Résister au diable signifie ne pas lui prêter oreille ; refuser d’écouter la moindre accusation, les moindres paroles qui n’apportent pas de l’espérance ; ne pas se laisser souiller par de la littérature pernicieuse dont Satan se sert pour s'infiltrer dans les cœurs, souiller l’esprit et s’opposer à la foi transmise aux saints une fois pour toutes.
Cette manière non violente de résister au diable réussit d’autant mieux à se débarrasser de lui qu’il ne perd pas le temps avec ceux qui ne l’écoutent pas : il s’enfuie loin d’eux. Ainsi se réalisent les paroles de l’apôtre Paul :
Le Dieu de la paix écrasera bien vite Satan sous vos pieds. (Romains 16, 20)
Quelle promesse ! Quelle espérance ! A nous de mettre cette vérité sur le chandelier pour que les victimes qui souffrent encore sous les ruses de Satan soient libérées et arrachées de son emprise. Alors ce ne sera plus Satan qui domine, mais nous qui marchons sur ses restes.

K. Woerlen (publié le 25 janvier 2019)