De nos erreurs

Oubliant ce qui est en arrière et me portant vers ce qui est an avant, je cours vers le but, pour remporter le prix de la vocation céleste de Dieu en Jésus-Christ. (Philippiens 3, 14)
Participer à cette course spirituelle nécessite une conversion à Dieu qui, seule, permet de le servir. En créant le monde avec son chaos, Dieu prévoit que l’activité humaine contribue au perfectionnement de son œuvre. Et pour tenir compte des inévitables faux pas de l’homme, Dieu créa la puissance de conversion. Ainsi, les erreurs peuvent non seulement être pardonnées mais servir de stimulant à mieux faire. Car le juste tombe sept fois et se relève. (Proverbes 24, 16) Dieu utilise les erreurs pour permettre aux hommes de croître spirituellement. C’est pourquoi, la possibilité de faire des erreurs, de trébucher et de tomber fait partie de la grandeur de l’homme.
Ne savez-vous pas que, dans la course du stade, tous courent, mais un seul remporte le prix ? Courez donc de manière à le remporter. (1 Corinthiens 9, 24)
Le monde est comme un stade et la vie une course d’obstacle. Dieu place les obstacles sur la piste pour nous apprendre à les franchir en beauté. Naturellement, il sait que plus les obstacles sont hauts plus grands sont les risques de tomber. Les inévitables chutes sont le prix à payer pour triompher du péché et atteindre le but de la vocation céleste. Les chutes ne doivent jamais nous décourager ; s’en lamenter serait une perte de temps. Certes, il faut reconnaître ses erreurs, les regretter avant de se relever pour reprendre la course. Ce que Dieu permet dans notre vie n’est finalement que l’expression de son infinie bonté. Ainsi, en réalisant avec quelle largesse Dieu pardonne nos erreurs, nous arrivons même à pardonner à nous-mêmes.
Nous avons de nombreuses occasions à pratiquer le bien. Seulement, si ce que nous faisons ne résulte pas d’un choix entre le bien et le mal ce n’est pas la bonté parfaite. Du fait que le bien et le mal ne soient pas toujours blancs ou noirs, il est facile de se tromper. Le mal ressemble quelquefois au bien comme un faux à l’original. Les choix sont alors délicats. Après avoir observé les scribes et les pharisiens, Jésus-Christ exhorte ses disciples :
Faites donc et observez tout ce qu’ils vous disent ; mais n’agissez pas selon leurs œuvres. Car ils disent et ne font pas. (Matthieu 23, 3)
Autrement dit : L’original se reconnaît à cette subtile différence qui sépare « faire » et « dire » ou « être » et « paraître ».
La vie n’est pas un jeu. Chaque jour apporte de nouvelles épreuves avec leur probabilité de commettre des erreurs. Pour nous permettre d’en sortir vainqueur, Dieu créa la possibilité de repentance aux effets si stupéfiants. Le pardon se trouve auprès de toi, afin qu’on te craigne. (Psaume 130, 4) On peut se tourner vers Dieu et se repentir soit par crainte soit par amour. Celui qui se repent par crainte cherche à se protéger des conséquences amères des fautes commises. Mettre sa vie en ordre est une démarche sensée et noble. Dieu prend plaisir à faire grâce :
Une fois de plus, il aura pitié de nous, il foulera aux pieds nos fautes, tu jetteras au fond de la mer tous nos péchés. (Michée 7, 19)
Quant à celui qui se convertit par amour pour Dieu, il le fait pour avoir attristé Dieu et pour avoir failli dans sa mission de vaincre le mal par le bien. Sa conversion lui procure, au delà du pardon des péchés, un bénéfice spirituel : les ténèbres font place à la lumière et les offenses se transforment en vertus. Parmi ceux qui ont passé leur vie à faire de mauvais choix plusieurs ont vu leurs offenses changées en mérites. C’est ce qui arriva au brigand qui, après avoir passé sa vie à mal faire, se tourne, quelques instants avant de mourir, vers Jésus et se repent par amour pour Dieu. Et voilà que toutes ses forfaits se transforment en mérite vertueux :
Aujourd’hui tu seras avec moi dans le Paradis. (Luc 23, 43)
Comment est-ce possible ? C’est faisable parce que toute conversion rapproche de Dieu qui veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité. (1 Timothée 2, 4)
Pour pouvoir choisir la bonté ultime, nous devons être confrontés au mal. Si nous comprenons cette relation, nous mesurons mieux le rôle que joue le péché dans ce monde créé pour être une vitrine de la bonté parfaite de Dieu. Notre mission est de réduire la perversité dans ce monde en choisissant de toujours surmonter le mal par le bien, et de recycler les déchets « en nous » et « autour de nous » pour en faire des produits utilisables. Dans la mesure où nous choisissons le bien, le mal ne pourra que régresser… Si aujourd’hui le mal ne fait pas davantage de ravage dans ce monde, c’est que les commandements de Dieu y produisent lentement leurs effets.
Dieu n’est pas « ailleurs » ! Il est présent et nous soutient dans toutes nos afflictions. Il ne nous abandonne jamais ! Peu importe ce que nous avons pu faire :
Voici je me tiens à la porte et je frappe ; si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui pour souper, moi près de lui et lui près de moi. (Apocalypse 3, 20)
En ouvrant le cœur à Dieu, nous expérimentons cette joie que procure sa présence et qui nous fait dire, avec l’apôtre Paul :
Ce n’est plus moi qui vit, mais le Christ qui vit en moi. (Galates 2, 20)
Christ fait partie de notre vie et nous faisons partie de la vie de Dieu comme des vases d’argile dont l’ultime signification est la sainteté.

K. Woerlen (publié le 5 janvier 2019)