Bénir les petits enfants

On présentait à Jésus des petits enfants pour qu’il les touchât, mais les disciples les rabrouèrent. Ce que voyant, Jésus se fâcha et leur dit : « Laissez les petits enfants venir à moi ; ne les empêchez pas, car c’est à leur pareils qu’appartient le Royaume de Dieu. En vérité je vous le dis ; quiconque n’accueille pas le Royaume de Dieu en petit enfant n’y entrera pas. » Puis il les embrassa et les bénit en leur imposant les mains. (Marc 10,13-16).
Depuis la nuit des temps les humains ont cherché à amadouer les dieux en leur sacrifiant des enfants. Ce n’est qu’au fur et à mesure de son développement que l’homme s’ouvre à la voix de Dieu et remplace les enfants par des animaux. Plus tard il commence à les circoncire, comme Abraham le croyant, pour signifier qu’il compte inclure les enfants dans son alliance avec Dieu. Bien que Dieu faisait dire aux hommes (Osée 6,6) : « J’aime la miséricorde et non les sacrifices, et la connaissance de Dieu plus que les holocaustes » les sacrifices d’animaux perdurent dans beaucoup de religions. Et malgré cette annonce prophétique d’une ère nouvelle (Ezéchiel 36,26) : « Je vous donnerai un cœur nouveau, et je mettrai en vous un esprit nouveau ; j’ôterai de votre corps le cœur de pierre, et je vous donnerai un cœur de chair », l’homme préfère ses rites au changement du cœur. Cette promesse divine commença à se réaliser avec l’effusion de l’Esprit Saint le jour de la Pentecôte. Jésus-Christ avait inauguré une nouvelle Alliance - scellée avec son sang (sa mort) - avec ceux qui, au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, seraient baptisés en sa mort afin de ressusciter et vivre en nouveauté de vie. Pour des raisons hégémoniques (et après des disputes à ne plus finir), le système religieux qui s’est imposé au 3eme siècle a jugé avantageux de baptiser les petits enfants pour en faire « des chrétiens » le plus tôt possible. Mais en attribuant au baptême des enfants la même valeur qu’au baptême de foi, ses effets on été surestimés au moins autant qu’ils sont, de nos jours, sous-estimés dans le baptême par immersion. Aujourd’hui chacun comprend que ce n’est pas le rite du baptême qui spiritualise un enfant. C’est pourquoi, nous présentons les enfants simplement à Jésus-Christ pour qu’il les touche et les bénit. Nous les immergeons non pas dans l’eau mais dans l’amour que nous leur portons à l’exemple de Dieu qui les a aimés dès avant leur naissance. En fait, en plaçant les enfants sur notre cœur, nous mettons en relief cette exhortation de l’apôtre Jean : « Aimons Dieu, car il nous a aimé le premier ». Bénir un enfant est une prédication qui apporte une note spirituelle à la famille qui l’accueille. Voilà l’enfant sans défense, exposé aux dangers matériels et spirituels d’un monde qui ne manquera pas de susciter soucis et craintes. Car même en disposant pour le combler (pour son bien comme pour sa perte) d’abondants moyens matériels, nul n’est en mesure de lui garantir un avenir prometteur ni de le conduire jusqu’au terme de sa vie. En implorant la bénédiction de Dieu sur l’enfant, les parents conscients de leur impuissance et de leur faiblesse sollicitent, pour le cas où ils seraient eux-mêmes empêchés de bien éduquer l’enfant, les parrains à l’accueillir et à s’engager à poursuivre leur mission en l’aimant et le guidant selon les préceptes de Christ. « Quiconque accueille un petit enfant tel que lui à cause de mon nom, c’est moi qu’il accueille. Mais si quelqu’un doit scandaliser l’un de ces petits qui croient en moi, il serait préférable pour lui de se voir suspendre autour du cou une de ces meules que tournent les ânes et d’être englouti en plaine mer. » (Matthieu 18, 5-6) L’enfant né avec cris et larmes dans ce monde bruyant et incertain a besoin de la bénédiction de Dieu pour pouvoir se développer dans la paix et la tranquillité. Né de chair et de sang à la lumière de ce monde, il a besoin de grandir et de se développer avant de recevoir le baptême de foi qui le fera naître de nouveau d’eau et d’Esprit à la lumière céleste : le Royaume des Cieux. Il appartient à tous ceux qui l’entourent et l’aiment à veiller à ce que ces belles paroles du Psaume 1 l’aident à rencontrer Jésus-Christ dans sa jeunesse : « Heureux l’homme qui ne marche pas selon le conseil des méchants, qui ne s’arrête pas sur la voie des pécheur, et qui ne s’assied pas en compagnie des moqueurs, mais qui trouve son plaisir dans la loi de l’Eternel, et qui la médite jour et nuit ! Il est comme un arbre planté près d’un courant d’eau, qui donne son fruit en sa saison, et dont le feuillage ne se flétrit point : Tout ce qu’il fait lui réussit. »

K. Woerlen (publié le 5 avril 2019)